Il y a quatre mois, le président américain Donald Trump a prononcé un discours devant le Conseil de sécurité de l’ONU dans lequel il a dit : « Je respecte le droit de chaque nation ici présente de suivre ses propres coutumes, croyances et traditions. Les États-Unis ne vous diront pas comment vivre, travailler ou prier. Nous vous demandons seulement de respecter notre souveraineté en retour. »
La dernière phrase n’a pas beaucoup de sens dans la mesure où il n’y a pas un seul exemple de non-respect de la souveraineté américaine par qui que ce soit dans le monde. Un pays protégé par deux immenses océans et par une armée dotée d’un budget annuel de plus de 700 milliards de dollars ne peut pas faire l’objet d’irrespect de sa souveraineté. Et même s’il y a des pays qui rêvent d’imposer une conduite aux Etats-Unis, ils ne peuvent pas réaliser leur rêve parce que pour contraindre il faut recourir à la force, et actuellement il n’existe au monde aucune force supérieure à celle des Etats-Unis d’Amérique.
On peut donc mettre cela sur le compte des divagations de Trump qui inondent les réseaux sociaux via son moyen de communication favori : Twitter.
Reste l’envolée lyrique sur le droit de chaque nation de vivre comme elle l’entend et sur cette Amérique qui, humblement et respectueusement, ne dira à aucune nation comment vivre ni quel Dieu prier… Ce n’est pas étonnant d’un président qui, en deux ans d’exercice du pouvoir, a habitué le monde entier à ses mensonges, sa démagogie, ses discours creux et son inconstance.
Il sait très bien ce qu’ont fait ses prédécesseurs en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie et ailleurs. Il les a vertement critiqués lors de sa campagne électorale avant d’endosser leur sombre héritage et de l’ « enrichir » à sa manière.
Interventionnisme agressif
On peut citer des dizaines de pays dont la vie de leurs peuples a été transformée en enfer par les Etats-Unis rien que parce qu’ils ont voulu suivre un mode de vie qui ne plaît pas à Washington.
L’Irak, l’Iran, la Libye et la Syrie sont les exemples les plus récents, mais l’Histoire nous enseigne que les pays qui ont souffert le plus de l’interventionnisme agressif américain sont, à part le Vietnam, les pays d’Amérique latine que Washington a considéré et considère toujours comme son arrière-cour.
Cet interventionnisme agressif est si habituel et remonte si loin dans l’histoire que le président mexicain, Porfirio Diaz, s’exclamait il y a un siècle : « Pauvre Mexique si loin de Dieu si proche des Etats-Unis ».
L’histoire nous enseigne que les Etats-Unis ne laissent leurs voisins latino-américains tranquilles que tant qu’ils suivent une politique totalement approuvée par les « Yankees ».
De nombreux coups d’état sanglants ont été fomentés par la CIA sur ordre du gouvernement fédéral dans les pays d’Amérique latine, et c’est loin d’être fini.
Le président qui, il y a quatre mois, assurait que les Etats-Unis ne diront à personne comment vivre ni quel Dieu prier est en train de souffler actuellement sur les braises de la plus grave crise que connait l’Amérique latine depuis des années : la crise du Venezuela.
Cela fait vingt ans que Washington tenait ce pays dans son point de mire. Depuis que les Vénézuéliens avaient élu en 1998 Hugo Chavez qui avait choisi pour son pays une politique aux antipodes de celle que souhaitaient voir les responsables américains dans leur « arrière-cour ».
Un procédé usé jusqu’à la corde
Nicolas Maduro, qui a succédé à Chavez en 2013, est aujourd’hui l’homme à abattre. Accusé par ses ennemis d’avoir affamé son peuple, Maduro fait face à une crise de pouvoir sans précédent.
Sous l’instigation de Washington, le président du parlement Juan Guaido s’est autoproclamé président et s’est vu reconnaître aussitôt après comme « le président légitime » par Donald Trump, celui-là même qui, avant d’être élu à la Maison-Blanche, incitait l’Amérique à s’occuper de ses propres affaires et de laisser chacun vivre comme il l’entend.
A qui incombe la responsabilité de la situation économique désastreuse du Venezuela aujourd’hui ? Ce ne sont ni Chavez ni Maduro qui en sont responsables, mais la plus grande puissance du monde qui, depuis 20 ans, tente d’étouffer le peuple vénézuélien par les sanctions économiques. Le procédé est devenu classique et usé jusqu’à la corde. Il a été utilisé contre l’Irak pour pousser les Irakiens à se révolter, il est utilisé contre les Iraniens et les Vénézuéliens pour les mêmes raisons.
Ce qui est tragi-comique, c’est que Trump n’a rien trouvé de mieux à faire que de charger Elliot Abrams de la « noble mission de restaurer la démocratie au Venezuela ». Pour qui ne le connaît pas, il a été traîné en justice et condamné pour son rôle dans l’affaire « Iran-Contra » dans les années 1980 du siècle dernier. Les mains d’Elliot Abrams sont couvertes de sang pour le rôle d’apprenti-sorcier qu’il a joué dans la guerre du Nicaragua, et surtout dans l’invasion de l’Irak en 2003.
Non, Elliot Abrams est incapable de restaurer la paix et la démocratie. Son histoire et son expérience dans le domaine nous font craindre le pire. Il est parfaitement capable de restaurer les orgies de sang et de violence que le Nicaragua et l’Irak ont connues grâce à lui, entre autres.