L’année 2018 s’est achevée sur un impressionnant score de mouvements de protestation sociale. Aux alentours de 9356, soit une moyenne de 25 par jour, affirme l’Observatoire social tunisien relevant du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), dans son rapport de 2018, publié hier 30 janvier 2019.
Le rapport indique que les mouvements sociaux conservent la même architecture géographique que les années précédentes. Puisque le gouvernorat de Kairouan en enregistre le plus grand nombre, avec 1668 manifestations. Suivent les gouvernorats de Sidi Bouzid (881 contestations), Gafsa (791), Tunis (749) et Kasserine avec 667 protestations.
Mouvements sociaux, le mal qui ronge les régions
Cependant, le nombre de mouvements sociaux en 2018 est en baisse par rapport à 2017 (10452 mouvements sociaux). L’observatoire regrette que la riposte du gouvernement soit toujours musclée contre les mouvements sociaux en 2018. « Face aux marches pacifiques, aux blocages des routes et des activités et à l’escalade jusqu’à la menace de suicide ou de tentative de suicide collective, les gouvernements successifs ont eu pour seule réponse le traitement sécuritaire ou les procès judiciaires en tant qu’unique mécanisme de réaction », lit-on dans le rapport.
L’observatoire considère que la multiplication des mouvements sociaux en 2018 traduit « l’incapacité des gouvernements successifs à mettre en place des politiques économiques et sociales capables de satisfaire les revendications des protestataires depuis voilà huit ans ».
Volet suicides et tentatives de suicide durant 2018, le rapport signale 467 suicides et tentatives de suicide. Analysant ces cas, l’observatoire considère que « ces actes de désespoir sont le fait de personnes frustrées et en colère contre la vulnérabilité et la précarité de leur situation économique et sociale ».
Le nombre de femmes qui ont tenté de se suicider ou qui se sont suicidées était de 110 en 2018, contre 357 hommes. Le groupe d’âge des 16 à 45 ans représente la catégorie la plus exposée (76%) qui déplore 356 victimes et plus spécifiquement, le groupe des 25 à 36 ans, avec 197 suicides et tentatives de suicide. Le nombre d’enfants (moins de 15 ans) a été de 42 suicides et tentatives de suicide et le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans a été de 23 individus.
Le gouvernorat de Gafsa est le premier en termes de cas de suicide et tentative de suicide avec 85 cas. Pour l’observatoire « la menace de suicide est une forme de protestation dans ce gouvernorat. Ce qui signifie que la plupart des actes enregistrés ont pris la forme d’une menace plutôt que d’un suicide ».
Par ailleurs, le gouvernorat de Kairouan arrive en tête de peloton en termes de cas de suicide et de tentatives de suicide, en enregistrant 69 actes, suivi du gouvernorat de Sidi Bouzid avec 41 cas et de Kasserine avec 28 cas. Puis Monastir avec 27 cas et Nabeul avec 24 actes, Tunis avec 23 cas et Jendouba avec 22 suicides et tentatives de suicide. Les gouvernorats de Béja et Kébili enregistrent le moins d’actes de suicide et de tentatives de suicide avec trois cas à Béja et quatre à Kébili.