La Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface) vient de publier son rapport sur le risque pays. Dans lequel, l’assureur crédit classe la Tunisie parmi les pays à risque élevé. Et pourtant la reprise se poursuit en Tunisie en 2019.
Ainsi, la Coface prévoit une croissance du PIB de l’ordre de 2,9% en 2019 contre une estimation de 2,6% pour 2018. Cette croissance demeure, selon le rapport, surtout avec des prévisions d’inflation de 7,5% en 2019 contre 7,8% en 2018.
A cet égard, la Coface a démontré que cette croissance tunisienne s’est affermie en 2018. La reprise du tourisme, longtemps sinistré, a permis d’accroître la contribution du tertiaire à l’activité.
Les industries manufacturières orientées vers l’exportation, particulièrement les branches électriques et mécaniques, ont également enregistré de bonnes performances. Et ce, en bénéficiant d’un regain de compétitivité grâce à la dépréciation du dinar et à une demande extérieure robuste.
Toutefois, la modération de la croissance en zone euro, principal partenaire commercial de la Tunisie, ne devrait, selon la même source, avoir que peu d’effet sur l’activité en 2019.
Par ailleurs, la Coface a précisé que la croissance devrait encore s’affermir. La demande intérieure demeurera vigoureuse grâce au dynamisme de l’investissement public et privé.
A cet effet, les nouvelles mesures adoptées en faveur des entreprises devraient compléter la réforme de la loi sur l’investissement. Il s’agit d’une baisse du taux d’imposition pour les sociétés de 25 à 13,5 % et le doublement du fonds en faveur des secteurs d’exportations (électronique, automobile, textile, agro-industrie). À cela devraient s’ajouter des exonérations fiscales pour les entreprises nouvellement créées.
En outre, l’État prévoit l’accroissement de l’enveloppe budgétaire dédiée à l’investissement en infrastructure. Plusieurs projets ont été évoqués. Parmi lesquels la construction du pont de Bizerte et de trois nouveaux barrages à Satta, Khalled et Raghay.
Cependant, la consommation des ménages reste atone, plombée par une inflation toujours élevée. La BCT devrait, dans ce sens, poursuivre le resserrement de la politique monétaire entamé en 2018. Ce qui devrait légèrement contenir la hausse des prix, selon le même rapport.
Coface – Tunisie: déficits jumeaux et endettement conséquent
La Coface a fait savoir que la consolidation des finances publiques entreprise avec l’appui du FMI couplée à la reprise de l’activité ont conduit à la baisse du déficit public en 2018.
Les mesures fiscales de la LF 2018 et le renforcement du recouvrement et des arriérés d’impôts ont contribué à une hausse des recettes. Alors que les dépenses courantes sont restées inférieures à celles prévues par le gouvernement.
La LF 2019 fixe l’objectif du déficit public à 3,9 % du PIB avec une hypothèse de croissance à 3,1 %. De meilleures perspectives économiques et un élargissement de la base fiscale devraient engendrer un léger accroissement des recettes budgétaires. Mais les dépenses devraient être plus importantes que prévu, 2019 étant une année électorale. Dans ce contexte la dette publique ne devrait pas s’alléger.
Bien qu’il reste très conséquent, le déficit courant a, selon l’assureur crédit, légèrement diminué en 2018. La situation des comptes extérieurs tunisiens n’en demeure pas moins préoccupante.
En outre, le pays, importateur net de pétrole, devrait faire face au cours élevé du brut et au renchérissement de ces importations. Même si les hausses attendues des revenus du tourisme et des recettes d’exportations devraient permettre de réduire le déficit courant, la situation des comptes extérieurs tunisiens restera précaire.
Par ailleurs, le taux d’endettement extérieur est significatif et approche 90 % du PIB. Le décaissement des échéances de dette externe cumulée au paiement du service de la dette continueront de faire pression sur les réserves de change. Dont le niveau est resté en dessous de trois mois d’importation en 2018.
Egalement, le dinar tunisien, dont la valeur s’est nettement dépréciée depuis le début de l’année 2018, devrait subir des pressions à la baisse. Ce qui ne sera pas sans conséquence sur le poids de la dette externe et l’inflation.
A cet effet, la BCT s’est engagée auprès du FMI à poursuivre la flexibilisation du taux de change, notamment par le biais d’appels d’offres concurrentiels.