Qui est l’artisan de l’accord tant attendu entre le ministère de l’Education et la Fédération générale de l’enseignement secondaire relevant de l’UGTT ? Nous ne sommes pas près de le connaître vu que chaque intervenant avance sa contribution au déblocage de la situation.
A la surprise générale, le leader du Mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a annoncé ce samedi que la crise de l’enseignement secondaire arrivait à son terme. De ce fait, les élèves peuvent reprendre les cours dès lundi 11 février. Une déclaration bel et bien étonnante, puisque la centrale syndicale a dénoncé maintes fois l’intrusion du mouvement Ennahdha sur le sujet des négociations sociales. D’ailleurs, Sami Tahri avait même déclaré, lors d’une conférence de presse, que le mouvement Ennahdha voulait entraver le bon déroulement des négociations sociales.
De son côté, le secrétaire général de la Fédération générale de l’enseignement secondaire, Lassad Yaacoubi, a affirmé, dans un post sur Facebook, que l’accord est le résultat de l’union et la mobilisation de tous les enseignants. Continuant dans le même sillage, il les a incités à ne pas baisser la garde et à rester vigilants. En effet, des milliers d’enseignants ont répondu présent à toutes les journées de colère organisées par la fédération.
Par ailleurs, Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), a déclaré qu’aucun parti politique n’a contribué au déblocage de la crise. En outre, il reconnait s’être entretenu avec le Chef du gouvernement, le 9 février, sur le sujet. Il confirme que cette rencontre n’était pas tripartite.
Et le ministre de l’Education Hatem Ben Salem, de son côté, affirme que les partenaires sociaux ont travaillé ensemble pour surmonter tous les obstacles. Il reconnait que les experts du ministère ont préparé plusieurs scénarios pour la reprise des cours dans les meilleures conditions. Une commission pédagogique entamera son travail ce lundi 11 février pour suivre la situation.
Enfin, le dernier intervenant dans la crise est le Chef du gouvernement Youssef Chahed. Hier, dans la soirée du 10 février, il a déclaré que si la crise est arrivée à son terme c’est grâce à ses efforts et à ceux de la centrale syndicale. « J’ai donné des instructions pour éviter l’année blanche » , lance-t-il.
Un accord qui arrange tout le monde
L’accord signé entre le ministère de l’Education et la Fédération générale de l’enseignement secondaire porte sur trois volets:
- Concernant la retraite: les enseignants n’ayant fait que 35 ans de service peuvent terminer les années qui leur restent avant le départ à la retraite en occupant des fonctions pédagogiques ou administratives. Une commission composée des représentants des ministère de l’Education, de la Fonction publique, des Affaires sociales et l’UGTT étudiera les dossiers des enseignants ayant atteint 55 ans et qui ne remplissent pas les critères de la retraite anticipée au cas par cas et les validera. Le dossier doit contenir toutes les attestations médicales prouvant l’incapacité de l’enseignant à assurer des fonctions pédagogiques et/ou administratives. Notons qu’à compter de la rentrée scolaire 2019-2020, la profession d’enseignant figurera sur la liste des professions pénibles.
- Pour les primes et promotions: il a été décidé de revoir à la hausse la prime de la rentrée scolaire à 75% du salaire mensuel brut. La prime sera versée à partir de la rentrée scolaire 2019/2020. Les primes de la surveillance et de la correction des examens seront doublées. Les directeurs d’école primaire et de lycée recrutés depuis 2015 et qui n’ont pas bénéficié de promotion bénéficieront d’une promotion exceptionnelle.
- L’accord porte aussi sur des questions réglementaires. Les deux signataires se sont engagés à la révision à la hausse de 20% du budget alloué aux écoles primaires, lycées et collèges. La formation de groupes de travail régionaux chargés d’établir la liste des établissements éducatifs ayant des déséquilibres financiers et des problèmes d’infrastructure. Cette liste sera soumise à une commission nationale qui se chargera d’intervenir.
- Enfin, une commission pédagogique entre le ministère de l’Education et la Fédération générale de l’enseignement secondaire prendra les décisions nécessaires pour la reprise des cours.