S’il existe un problème de liquidité dans les banques tunisiennes, c’est que le taux d’épargne demeure très faible, déclare le banquier et expert en finances Jaloul Ayed. Et ce, lors de son intervention dans le cadre du mardi thématique organisé par le parti Afek Tounes, hier 12 février.
Jaloul Ayed a indiqué que le taux d’épargne en 2010 était élevé alors qu’actuellement, il est de l’ordre de 7%. Par ailleurs, il n’a pas exclu la possibilité de revoir à la baisse le taux d’épargne à 4 ou 3%, si l’Etat va suivre les projections de l’INS. « Par définition, un pays qui n’épargne pas est un pays qui n’investit pas », juge-t-il.
Ainsi, selon la moyenne mondiale, la Tunisie est loin du compte, affirme l’ancien ministre des Finances. Les pays asiatiques épargnent beaucoup, cite-t-il, pour appuyer sa thèse. Pour les autres pays, le taux d’épargne varie entre 25 et 45%. « Si on épargnait plus, il y aurait davantage de liquidité », affirme-t-il.
Par conséquent, « avec un espace fiscal très réduit, comment l’Etat se financera-t-il ? » , s’interroge-t-il. L’ancien ministre rappelle qu’il n’existe pas diverses sources de financement. En effet, l »Etat ne peut requérir qu’aux sources de financement intérieur et aux sources extérieures multilatérales et bilatérales.
Or, en 2011, la Tunisie était parmi les rares pays à disposer d’un investment grade. Autrement dit, la Tunisie était capable de se présenter sur les marchés financiers et de lever des fonds pour ses besoins en financement, sans problème avec des marges préférentielles. « Mais aujourd’hui, avec la détérioration de notre économie et la balance des paiements, nous sommes descendus à un niveau similaire à ce qu’on appelle Junk Bound« , regrette-t-il.
Donc, même si la Tunisie devait se présenter sur un marché financier, elle paierait le prix fort. Car sa situation est considérée à haut risque, avec un niveau d’appréciation du marché comme étant un risque très élevé. « Un risque élevé exige que les marges soient élevées », fait-il savoir.
D’ailleurs, la Tunisie est sortie pour lever un milliard de dollars. Elle n’a pu lever que 750 millions de dollars. Pour pouvoir équilibrer les comptes, l’Etat est obligé de recourir au marché intérieur.
Et cela se fait par l’émission de bons du Trésor. « Tous les pays le font, mais dans le cas de la Tunisie, parce que l’épargne et nos dépôts sont faibles, la liquidité se trouve absorbée en grande partie par l’Etat. Les banques apprécient cet état de fait vu qu’elles se trouvent avec des actifs à risque zéro. Il en découle que les résultats extraordinaires à deux chiffres affichés par les banques ne reflètent pas la réalité ».
Enfin, cette situation n’est pas sans impacter négativement les PME. L’expert affirme que la PME se retrouve dans une situation peu enviable, étant donné la pression fiscale et celle du TMM, conclut-il.