La crise financière aura-t-elle un effet domino sur l’ensemble de l’économie tunisienne? Quel diagnostic peut-on faire aujourd’hui? C’est dans ce contexte qu’Afek Tounes organise un débat sur le thème : « Sommes nous face à une crise économique? »
« Tous les indicateurs économiques, le prouvent », affirme Yassine Brahim, président du parti Afek Tounes.
Ainsi, il précise : « Même si certains dirigeants politiques voient autrement en embellissant les indicateurs, la réalité est tout autre. » Il poursuit : « Nous avons un niveau d’inflation qui persiste, mais aussi une spirale de pression fiscale en hausse. Ce qui limite la création des postes d’emplois. »
De plus, indépendamment du secteur du tourisme qui connaît une relance, il y a en revanche un recul de l’investissement. Il souligne : « Aujourd’hui, le citoyen n’arrive plus à épargner et ceci est dû à une politique économique qui dure depuis deux ans et qui malheureusement ne va pas dans le bon sens. Autrement dit, nous vivons dans une non politique économique et sociale, c’est que quelque part il n’y a pas de direction, il n’y a pas non plus de choix. »
A cet effet, M. Brahim a rappelé la décision de l’ancien ministre des Finances Slim Chaker dont la vision était de baisser le taux de douane, pour que le marché parallèle puisse intégrer le marché organisé. « Une décision qui malheureusement n’a pas été soutenue », a-t-il regretté.
Yassine Brahim : « Une économie basée sur un marché parallèle non régulé est une économie qui affaiblit l’Etat »
Ce qui a laissé un marché parallèle en progression. « Et cela est très mauvais pour l’économie tunisienne. Car une économie tunisienne qui est basée sur un marché parallèle non régulé, c’est une économie qui affaiblit l’Etat », dit-il.
Et d’ajouter : « L’Etat a une place très importante dans une économie en développement. Mais aujourd’hui, l’Etat n’a pas les moyens et déçoit les Tunisiens qui ne disposent pas de service à haut niveau. Non seulement parce qu’ils se préoccupent de l’éducation de leurs enfants. Citons à titre d’exemple, le temps perdu dans les transports publics qui ne sont pas au niveau. Mais plus encore, ils subissent une pression fiscale assez incroyable (impôt sur le revenu, TVA, droits de consommation).
Donc, selon lui, le modèle a atteint sa limite et il est vraiment à revoir. M. Brahim indique : « On a des dirigeants qui sont dans les calculs politiques à court terme. »
Reste alors la question essentielle : de quel modèle peut-on s’inspirer ? Pour Yassine Brahim, « les pays nordiques sont un bon exemple à suivre, car ce sont des pays socio-libéraux. Ce qui veut dire une économie de marché où on fait confiance au secteur privé. Mais avec un Etat fort et régulateur qui assure la santé, le transport public et donne toute ses chances au secteur privé », conclut-il.