Durant la semaine dernière, les indicateurs économiques se sont multipliés. De l’inflation à la croissance économique, les chiffres sont loin d’être une satisfaction.
Tout indique que si nous parvenons à garder le statuquo en 2019, nous pouvons dire que c’est un succès.
L’inflation résiste
La baisse annoncée de l’inflation n’est pas tout à fait vraie. Elle a été atteinte grâce à la dissipation de l’effet des augmentations enregistrées en janvier 2018 relatives à l’entrée en vigueur des mesures de la loi de finance 2018 (TVA essentiellement). En rythme mensuel, l’inflation s’est aggravée de 0,8% en janvier 2019, contre 0,5% en décembre 2018.
De plus, l’indice des prix à la consommation est inédit puisqu’il est calculé sur la base d’une nouvelle année de référence (2015). D’ailleurs, le retraitement des chiffres des quatre dernières années avec les nouvelles données aboutirait à une inflation plus faible, en moyenne, de 0,3%. L’inflation sous-jacente, quant à elle, a été de 0,2% plus faible dans la nouvelle base, par rapport à la mesure sur la base de 2010.
Les prix des produits essentiels pour le quotidien du tunisien moyen, à savoir les produits alimentaires, restent hors contrôle et ont augmenté de 2,2% sur un mois. La tendance reste haussière pour la plupart des produits : les légumes frais (+7,1%), les volailles (+7,2%), les œufs (+4,5%), les viandes d’agneau (+3,4%) et viandes bovines (+1,8%). La baisse n’a concerné que les huiles alimentaires (-0,2%), les fruits frais (-0,9%) et les poissons frais (-0,4%). En rythme annuel, les prix des produits libres ont augmenté de 8,3% contre 5,1% pour les prix administrés. Le pouvoir d’achat est donc touché, de nouveau, de plein fouet.
La flambée du déficit commercial
Pour maîtriser l’indice des prix à la consommation, il faut contrôler son déficit commercial car l’un des problèmes reste l’inflation importée. Les chiffres de la balance commerciale confirment que les difficultés vont continuer. Durant le mois de janvier 2019, les importations ont augmenté plus rapidement que les exportations (+24% contre +21,9%). Le déficit a atteint ainsi un niveau record de 1,568 milliard de dinars. Le taux de couverture a enregistré une diminution de 120 points de base, par rapport à janvier 2018, à 70,9%. Cela montre que les pressions sur le dinar, et donc l’inflation importée, vont se poursuivre.
Encore plus important, les exportations du secteur agricole et des industries agro-alimentaires ont reculé de 10,3% durant le premier mois de 2019, impactées par une plus faible production de l’huile d’olive. Cela affectera directement la croissance économique.
Une croissance en deçà des attentes
La croissance de l’année 2018 s’est établie à 2,5%. Un taux modeste et en déconnexion avec les estimations douze mois auparavant. L’objectif de 3% pour 2019 est, à notre avis, irréalisable. Déjà, la saison agricole s’avère difficile comme nous venons de le mentionner. En 2018, la valeur ajoutée de l’agriculture a atteint 9,8%. Les industries non manufacturières ont déçu avec une baisse de 1,2%, reflétant les difficultés des exploitations pétrolières et phosphatières. Tout va se jouer durant la saison touristique qui s’annonce exceptionnelle, bien que nous pensions que sa contribution au PIB resterait limitée. Nous tablons sur un premier trimestre modeste en termes de croissance, essentiellement lié à la cyclicité de l’activité agricole.
Faible création d’emplois
La faible croissance économique va se répercuter sur la création de l’emploi. Durant 2018, la création nette de postes s’est élevée à 27 600. Cela signifie que 1% de croissance génère 11 040 emplois. C’est extrêmement faible. L’économie est incapable de générer suffisamment de postes et ce rythme, sauf des mesures politiques fortes, continues. Le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter et reste inquiétant parmi les femmes. La situation s’est légèrement améliorée pour les diplômés de l’enseignement supérieur dont le nombre a diminué de 8 500 durant le quatrième trimestre, mais il reste encore élevé à 28,8%.
Le tableau est donc mitigé. Nous allons suivre les performances durant les prochains mois ainsi que les projections des institutions financières internationales. D’ailleurs, celles de Ficth ne sont pas rassurantes puisque l’agence s’attend à une croissance du PIB de 2,7% seulement.