Le Conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT) a décidé, hier, de relever le taux directeur de 100 points de base pour le porter à 7,75%. L’expert-comptable Walid Ben Salah et l’expert en économie et en finance Maher Belhadj reviennent sur cette augmentation.
Ainsi, M. Ben Salah précise que la BCT a relevé son taux d’intérêt directeur de 100 points de base, avec le maintien d’un corridor de 100%. Donc, le taux du marché monétaire (TMM) pourrait atteindre 8,75% contre 7,24% à la date du 19 février 2019.
De plus, il indique que cette décision est motivée principalement par l’anticipation de pressions inflationnistes au cours de la prochaine période et est argumentée au niveau du communiqué de la BCT.
Néanmoins, Walid Ben Salah affirmé qu’il s’agit d’un nouveau coup dur pour l’ensemble de l’économie tunisienne, des ménages et de l’Etat; tous fortement endettés.
De même, les institutions publiques et privées supporteront, courant 2019, de lourdes charges. A savoir : l’inflation interne et externe; des augmentations de salaires; des augmentations de charges sociales; des augmentations de prix dues à la détérioration de la valeur du dinar; et une augmentation des excédents bancaires due aux taux d’intérêt plus élevés.
Face à cette situation, l’expert-comptable s’est interrogé : est-il possible de contrôler le taux d’inflation et d’améliorer la rentabilité des institutions et le niveau d’investissement de cette manière ?
« C’est le peuple tunisien qui va souffrir davantage »
De son côté, l’expert en économie et en finance Maher Belhadj souligne qu’une nouvelle augmentation du taux d’intérêt directeur de la BCT intervient en ce moment, sans toucher ni au marché parallèle ni aux importations abusives.
Face à cette situation, c’est le peuple tunisien qui va, malheureusement, souffrir davantage. Il en résultera, selon ses dires, la disparition définitive de la classe moyenne et l’appauvrissement de la totalité des Tunisiens. Et ce, sous la couverture des élections et de la démocratie.
En conclusion, Maher Belhadj estime que certains partis politiques et le gouvernement actuel sont responsables de cette situation.
Il est à noter que, dans son communiqué publié hier, le Conseil d’administration de la BCT a exprimé sa forte préoccupation quant aux pressions inflationnistes et leurs retombées. Notamment en ce qui concerne l’inflation sous-jacente. Cette dernière devrait, selon la BCT, poursuivre sa tendance à la hausse au cours de la période à venir, compte tenu des évolutions attendues pour l’ensemble des indicateurs inflationnistes. Ce qui nécessite un suivi continu de ses sources et le renforcement des mesures visant à contrecarrer son aggravation.
Il souligné également que la poursuite des pressions inflationnistes représente un risque pour l’économie et une menace pour le pouvoir d’achat, nécessitant une prise de mesures appropriées pour réduire ses effets négatifs.
Enfin, rappelons que la BCT a relevé son taux d’intérêt directeur à deux reprises en 2018. La première augmentation a été décidée en mars (+75 points de base) et la deuxième en juin (+100 points de base).