Le secteur de l’artisanat tunisien fait vivre environ 400 000 personnes dont 83% de femmes. Il contribue à hauteur de 4,5% au PIB du pays. Ce secteur, qui compte 1888 entreprises, dont 573 exportatrices, permet chaque année la création d’environ 8000 nouveaux postes d’emploi. Au niveau commercial, la valeur des exportations directes de l’artisanat tunisien a atteint en 2017 les 538 millions de dinars.
En Tunisie, près de 92% d’artisans exportateurs se concentrent dans les gouvernorats de Nabeul, Tunis, Sousse, Monastir et Kairouan. Selon une récente étude, le gouvernorat de Nabeul est le champion des exportations des produits de l’artisanat tunisien. Soit à hauteur de 40%.
Malgré l’importance de ce secteur dans le tissu économique tunisien, et notamment dans le développement régional, l’artisanat tunisien est confronté aujourd’hui à la contrefaçon et la contrebande. Qui s’ajoutent aux défaillances au niveau de la formation, de la qualité des matières premières et le problème de la commercialisation.
Ainsi, l’Utica Academy, la Fédération nationale de l’Artisanat et la Fondation Konrad Adenauer (KAS) ont invité les professionnels (créateurs et artisans) à débattre des moyens et programmes concrets à mettre en œuvre. Et ce, afin de préserver ce secteur de l’impact de la contrefaçon et la contrebande.
En effet, plusieurs métiers et artisans sont aujourd’hui menacés de disparition. Des dizaines de projets et de mesures prises pour la mise en place de systèmes d’aides aux artisans tunisiens sont à l’arrêt.
De plus, des propositions ont déjà été formulées par les professionnels (création de centrales d’achat, d’approvisionnement et de commercialisation et d’une filière professionnelle pour des formations spécialisées au profit des artisans et des créateurs). Mais elles ne sont pas encore prises en considération.
Par ailleurs, à la frontière les mesures appliquées pour protéger les produits de l’artisanat tunisien contre le fléau de la contrefaçon, ne semblent pas être efficaces, notamment à l’importation.
Notons que les produits de l’artisanat sont soumis à des autorisations d’importation. Mais la politique nationale d’incitation à l’exportation limite la portée de cette mesure.
Il y a dans nos souks et médinas des produits importés qui présentent des risques élevés sur la santé des consommateurs et l’économie nationale. Car l’artisanat est aussi l’expression de l’identité du pays et son image à l’étranger. Surtout que 80% des produits de l’artisanat sont commercialisés par le secteur touristique.
Si l’Etat a la plus grande part dans la protection des artisans et leurs produits, la responsabilité de la préservation de ce secteur incombe aussi aux artisans eux-mêmes.
Et d’ailleurs, plusieurs artisans ignorent encore les lois relatives aux droits d’auteur et à la propriété intellectuelle et industrielle (droits des marques, appellation d’origine, conditions géographique, cahier des charges…)
En outre, d’autres étapes sont à prendre pour faire face notamment au phénomène de la contrefaçon. Il s’agit notamment de la demande de rétention des produits d’artisanat suspectés de contrefaçon à la Douane.
Enfin, les artisans et les créateurs tunisiens sont appelés aussi à consentir plus d’efforts en matière d’innovation et de créativité.