Mohamed Jarraya, expert en économie et président de l’Observatoire Tunisia Progress, revient, dans un statut publié hier sur sa page facebook, sur le relèvement du taux directeur de la BCT de 100 points de base.
A cet effet, il rappelle qu’habituellement la BCT régule le taux directeur pour amortir l’effet d’une inflation structurelle et parfois même galopante. Par ailleurs, la BCT, pour la énième fois, vient d’élever ce taux de 6,75 % à 7,75%. Et ce, au moment où le taux d’inflation a baissé de 7,5% en 2018 à 7,1% en janvier 2019, selon l’INS.
M. Jarraya précise que les bonnes raisons de cette augmentation ne sont pas claires. Et son effet impacte plutôt négativement l’économie. Ce qui explique la prudence de la BCT, durant les derniers mois de 2018, en décidant le passage à 6,75% seulement.
BCT : l’impact de l’augmentation du taux directeur est multiple
Ainsi, le président de l’Observatoire Tunisia Progress estime que l’impact de cette nouvelle augmentation est multiple.
- Pour les crédits en cours de paiement (entreprises et ménages), une révision rétroactive des échéanciers engendrera une charge financière supplémentaire. Tout en impactant le pouvoir d’achat des salariés.
- Quant aux nouveaux investissements, un surcoût dans les schémas et business plans réduit la profitabilité (rendement, TRI). En effet, la décision de passer à la réalisation risque d’être compromise ou reportée à des jours meilleurs.
- Pour la consommation, un frein (rationalisation) dans le but d’alléger la demande exagérée de la liquidité en circulation et le marché des capitaux.
- Concernant les banques et établissements de crédit, un enrichissement gratuit et non mérité sur des anciens crédits et produits financiers.
- S’agissant du budget de l’Etat, plus de charges financières sur les emprunts et bons du Trésor et plus de déficit budgétaire.
Par ailleurs, il affirme que dans le contexte économique actuel, l’inflation risque de s’aggraver. Et le dinar continuera sa chute alimentant une inflation importée plus lourde.
En outre, les augmentations salariales, profitant uniquement aux syndiqués, engendrent, selon ses propos, l’augmentation des prix à la consommation. Cependant, la chute du pouvoir d’achat concerne et porte préjudice à toute la population. Cette injustice sociale doit être résolue par des mesures équitables.
De ce fait, l’action de la BCT, solitaire, ne pourra jamais rattraper l’inflation réelle estimée à environ 9%.
Au final, Mohamed Jarraya indique qu’il faut réduire le déficit commercial par tous les moyens. Et il faut concevoir, rapidement, un plan Marshall de sauvetage, engageant activement tous les ministères en relation avec l’économie. L’objectif étant de contrôler les prix et relancer l’économie.