Alors que le spectre d’une sortie de l’histoire économique pèse de plus en plus sur une Europe désunie et entourée de super-pôles de puissances économiques, les signes de l’émergence (ou non) d’une « puissance industrielle européenne » se montrent contradictoires.
D’un côté, la Commission européenne vient de refuser d’autoriser le rapprochement entre Siemens et Alstom, ce au nom du droit de la concurrence en vigueur au sein de l’Union européenne (la politique de la concurrence avait déjà bloqué des rapprochements comme celui d’Airbus et de British Aerospace par la Commission, qui dispose d’une compétence exclusive en la matière). De l’autre, et en réaction à la décision précédente, la France et l’Allemagne affichent la volonté d’impulser une politique industrielle commune nécessaire pour échapper à une désindustrialisation de l’Europe.
L’émergence d’une politique industrielle de l’Union européenne
Dès les années 1990, avec l’Union économique et monétaire et l’élargissement de l’UE, la question de la politique industrielle européenne s’est posée. Une communication de la Commission intitulée «Mettre en œuvre le programme communautaire de Lisbonne: un cadre politique pour renforcer l’industrie manufacturière de l’UE — Vers une approche plus intégrée de la politique industrielle» (publiée en juillet) a défini pour la première fois une approche de la politique industrielle européenne basée sur un plan de travail et stratégique.
Une première initiative qui sera prolongée par la communication de la Commission intitulée «Plan d’action pour une consommation et une production durables et pour une politique industrielle durable» (en 2008) annonçant un ensemble de mesures visant à renforcer la compétitivité de l’économie européenne.
Le traité de Lisbonne a systématisé les dernières avancées en la matière. Les instruments de la politique industrielle de l’UE, qui visent à créer des conditions générales de la compétitivité des entreprises, poursuivent une série d’objectifs (officialisés par l’article 173 du traité sur le fonctionnement de l’UE) : « accélérer l’adaptation de l’industrie aux changements structurels » ; « encourager un environnement favorable à l’initiative et au développement des entreprises de l’ensemble de l’Union, et notamment des petites et moyennes entreprises», encourager un environnement favorable à la coopération entre entreprises», et «favoriser une meilleure exploitation du potentiel industriel des politiques d’innovation, de recherche et de développement technologique ».
Ainsi, dans le cadre d’un marché unique et grâce notamment à son vaste programme de recherche, l’Union européenne reconnaît une grande importance aux entreprises et aux enjeux de compétitivité.
Dans le cadre de sa politique industrielle, l’UE développe aussi des instruments pour permettre aux filières européennes de faire face à la compétition mondiale. Les efforts demeurent néanmoins encore insuffisants…
Une Europe de l’industrie toujours en construction
L’Europe demeure marquée à la fois par l’hétérogénéité des réglementations et des politiques nationales qui affectent les entreprises relevant des secteurs industriels, et par un droit de la concurrence appliqué de manière dogmatique par la Commission européenne et qui jouent in fine contre les entreprises européennes.
Au-delà de la politique de concurrence, l’enjeu européen se joue au niveau de l’exigence de la réciprocité comme condition d’accès à son marché, notamment pour ses marchés publics.
Autrement dit, l’Europe devrait cesser de jouer au jeu de la mondialisation, sur la base de règles qui affectent la compétitivité de ses propres entreprises face en particulier à la loi de la jungle pratiquée par la Chine…
je vous souhaite bonne continuation
Merci beaucoup Plumes économiques