La candidature du Président Bouteflika, pour un cinquième mandat suscite, en Algérie, un mouvement contestataire inédit.
Sortis de la prière du vendredi, le 22 février 2019, les manifestants ont affirmé leur opposition. Des médias européens et arabes se sont empressés d’affirmer le caractère “massif, pacifique et spontané’’ du mouvement.
Ils affirmèrent, en outre, que la mobilisation était spontanée, sans leadership et sans encadrement. Et qu’elle était simplement une “contestation de la candidature’’. Qu’en est-il au juste ?
D’abord, il faut redimensionner la donne. Les “degrés d’importance et d’organisation des mobilisations populaires, sont variables’’, rappelle à l’AFP Louisa Dris-Aït Hamadouche, professeure de sciences politiques à l’Université Alger 3. Elles ne sont guère dirigées et animées par les réseaux sociaux.
Cependant l’arbre ne doit pas cacher la forêt. L’exemple du “printemps arabe’’ est édifiant. La mobilisation de Facebook et Twitter a bien été préparée par l’organisation de stages, dont la direction underground est évidente. Et ce, dans le cadre d’une stratégie impliquant la géopolitique régionale et internationale.
De plus, la contestation se limite-t-elle à l’opposition à la candidature d’un chef d’Etat ? Une personnalité politique d’envergure, gravement malade ?
Point de programme annoncé, ni de recherche d’alternative à la candidature. Mais une stratégie d’instabilité, faisant valoir une rupture de la dynamique nationale algérienne. Fait plus grave, il s’agirait d’une remise à l’ordre du jour de la volonté d’extension du “printemps arabe’’.
L’ Algérie n’est pas la Libye ni la Syrie
L’Algérie a d’ailleurs échappé à la dérive, qui a mis à l’épreuve l’Etat, suscité une guerre civile et affirmé le pouvoir de l’islam politique, en Libye, en Syrie et ailleurs. Pis encore de la dérive daéchienne, dans certains cas. La seconde révolution égyptienne a écarté le pouvoir des frères musulmans, alors que la soft revolution de l’été 2013 en Tunisie a mis fin au pouvoir de la troïka.
Les mobilisations populaires actuelles en Algérie auraient pour objectif de réactualiser le “printemps arabe’’ et de tenter d’engager la stratégie de stabilisation du pays frère. Mais la tentative, qui affecte ce pays pétrolier semble vouée à l’échec. A la différence de La Libye, l’Etat y est affirmé. La guerre d’indépendance algérienne a transgressé les rivalités tribales et a affirmé le pouvoir militaire, à l’instar de l’Egypte. D’autre part, la décennie noire vécue par les Algériens met en échec les velléités d’instaurer l’islam politique.
Mais nous ne pouvons écarter la menace. « Quand l’Algérie éternue, le Maghreb s’embrouille », dit un observateur. Dans la situation actuelle, une déstabilisation algérienne remettrait en cause les équilibres fondateurs de l’aire arabe. Qu’on y prenne garde! Pour la sauvegarde du pays frère, du voisinage immédiat et de l’ensemble euro-méditerranéen.