Dans deux mois, Emmanuel Macron fêtera le deuxième anniversaire de son élection en tant que plus jeune président français de l’histoire. Elu avec un taux confortable (65, 1% des voix), qu’a-t-il réalisé en deux ans d’exercice du pouvoir ?
Vu l’état d’ébullition dans laquelle se trouve le pays, vu les manifestations violentes de fin de semaine qui se poursuivent depuis des mois, on peut dire qu’objectivement, la plus « grande » réalisation de Macron en deux ans est l’exacerbation à outrance de la division des Français.
La coexistence des Français n’a pas toujours été facile et paisible. Ils s’étaient entretués en 1789 et les années suivantes. Ils avaient remis ça en 1870 quand les communards s’étaient insurgés contre les possédants et l’Etat qui les soutenait. En mai 1968, la jeunesse française s’était révoltée contre l’ordre établi, exigeant plus de liberté et moins d’injustice sociale. Depuis des mois, chaque samedi, des milliers de « Gilets jaunes’’ manifestent dans plusieurs villes françaises, exigeant une meilleure redistribution des richesses produites.
La persistance de ces manifestations s’explique par le fait que des millions de Français sont aujourd’hui convaincus qu’Emmanuel Macron est chargé d’une mission particulière : prendre aux pauvres et donner aux riches par le biais d’un système économique, social et fiscal foncièrement injuste.
C’est son insensibilité à l’égard des nécessiteux et son zèle au service des grandes fortunes qui ont fait de Macron un président détesté et honni par des millions de Français qui, aujourd’hui, regrettent amèrement de l’avoir élu.
Il suffit de naviguer un peu dans les réseaux sociaux pour se rendre compte de l’état d’ébullition, de haine et de rancœur qui minent aujourd’hui la société française. « Depuis l’après-guerre, jamais la haine n’a été si forte, si palpable, si présente, si permanente. Le niveau intellectuel descend de plus en plus bas, la paranoïa envahit tous les canaux, et la défiance de chacun pour tous les autres semble se généraliser », écrit la journaliste Sophie Mestral dans « La Lettre Patriote’’.
Cette haine qui déferle sur la France est nourrie par la cupidité des riches qui ne veulent pas entendre parler de justice sociale d’une part, et, d’autre part, par la détermination des classes populaires à imposer un minimum d’équité dans le système de redistribution des richesses. Cette rancœur qui mine la France est nourrie aussi par la réaction musclée des forces de l’ordre qui va jusqu’à éborgner, aveugler et mutiler des manifestants.
Désir immodéré d’argent et de richesse
La France est un pays immensément riche et pourrait faire vivre tous ses habitants très confortablement. Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire des mouvements sociaux, on constatera que le problème fondamental de la France a toujours résidé dans cette incapacité congénitale de ses possédants cupides à se défaire de leur désir immodéré d’argent et de richesse, d’âpreté et d’avidité.
Pourquoi n’y a-t-il jamais de mouvements revendicatifs ni de troubles sociaux dans les pays nordiques ? Pourquoi la paix sociale semble-t-elle éternelle en Suède, au Danemark, en Norvège ou encore en Finlande ? La réponse est simple : ces pays ont toujours poursuivi des politiques économiques, sociales et fiscales aux antipodes de celles que les élites françaises poursuivent depuis des siècles.
Dans les pays nordiques, les écarts entre les plus hauts et les plus bas salaires sont fixés par la loi. En France, ces écarts peuvent s’étendre à l’infini, et il y a toujours une élite intellectuelle et politique pour les justifier et les défendre.
Est-ce normal que Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, voit sa fortune augmenter pour la seule année 2015 de 9,7 milliards d’euros, soit un gain de 10.000 euros par minute ? Est-ce normal que les ouvrières qui fabriquent les costumes ‘Kenzo’ soient payées 20.000 euros par an, soit l’équivalent de ce que gagne leur patron en deux minutes ?
Emmanuel Macron trouve ces absurdités économiques parfaitement normales. Ceux qui ont tout fait pour que ce jeune homme sans expérience et sans passé politique arrive à l’Elysée avaient une idée précise derrière la tête : la perpétuation de ces absurdités économiques par la démagogie si possible, par la force si nécessaire.
Les discours démagogiques ayant échoué à faire régner l’ordre social injuste, Macron et la classe des possédants sont sur la pente dangereuse de le faire régner par la force en réprimant les ‘Gilets jaunes’. Depuis des mois, on voit chaque samedi des Français tirer sur d’autres Français. Des Français éborgnés, aveuglés et mutilés par des armes de guerre parce qu’ils refusent d’obéir à l’ordre des possédants cupides de se contenter du peu qu’ils ont et de fermer leur gueule. Voilà où en est la France aujourd’hui, deux ans après l’élection de Macron et… 230 ans après la ‘glorieuse’ Révolution française.