L’International Crisis Group identifie chaque année jusqu’à dix pays et régions exposés au risque de conflit ou à une escalade de la violence. Dans ces situations, il préconise une action rapide, impulsée ou soutenue par l’UE et ses États membres pour pouvoir générer de meilleures perspectives de paix.
La liste de surveillance 2019 comprend le Burkina Faso, la République centrafricaine, l’Iran, le Myanmar, le Pakistan, le Soudan du Sud, la Tunisie, l’Ukraine, le Venezuela et le Yémen.
Concernant la Tunisie, le international Crisis Group demande instamment à l’UE de soutenir le pays dans ses réformes socio-économiques, d’encourager le Parlement à la mise en place d’une cour constitutionnelle politiquement diversifiée et de conditionner
le maintien du soutien financier accordé à la Tunisie au respect de la Constitution par les pouvoirs législatif et exécutif.
Tunisie : la transition démocratique est en danger
D’après le International crisis, les divisions politiques empêchent la Tunisie d’avancer et d’effectuer des réformes vitales pour l’économie Tunisienne. Ce groupe dresse même l’état d’une situation alarmante.
« La transition politique en Tunisie est en difficulté. Les espoirs de voir les dirigeants du pays s’attaquer aux problèmes politiques et socio-économiques s’estompent. L’économie est dans le marasme et les dirigeants politiques sont de plus en plus divisés entre islamistes et anti islamistes, tous deux en concurrence pour le contrôle des ressources de l’État. Cette confluence de problèmes suscite une crise générale de confiance dans l’élite politique et il est même à craindre que le pays ne revienne sur son ouverture démocratique post-2011 avant les scrutins présidentiel et parlementaire de la fin de l’année 2019 ».
La détérioration des conditions des ménages a accéléré la fuite des cerveaux
D’après le rapport de l’ICG, la détériortion des facteurs économiques a été la principale cause de la fuite des cerveaux et des capitaux.
« L’économie se porte mal. Le dinar tunisien s’est déprécié de plus de 40% par rapport à l’euro depuis 2016, réduisant ainsi son pouvoir d’achat, tandis que l’inflation s’élève à 8% par an. En conséquence, le coût de la vie a augmenté de plus de 30% depuis 2016, entraînant l’endettement des ménages. Les disparités régionales se creusent et le chômage reste très élevé. Ces facteurs combinés ont accéléré à la fois la fuite des cerveaux et aussi celle des capitaux. »
La nécessite d’une Cour institutionnelle
Ces troubles économiques s’additionnent aux rivalités politiques. D’après l’article « les tensions entre le président Béji Caïd Essebsi et le Premier ministre Youssef Chahed, qui se sont intensifiées au cours des deux dernières années. Leur rivalité a mis à nu une vieille division entre les islamistes (principalement le parti Ennahdha) et les anti-islamistes (représentés par Nida Tounes, le parti du président).
Youssef Chahed,bien qu’originaire de Nida Tounes, s’appuye sur la domination parlementaire du bloc islamiste pour rester en fonction. »
Il rajoute que « l’intensification de la lutte pour les ressources aggraverait encore le fossé qui sépare les islamistes et les anti-islamistes. Cela augmenterait également considérablement les tensions politiques et sociales en prévision des élections législatives et présidentielles qui auront lieu en 2019 et qui seront décisives pour le pays .
En raison d’une scission dans le camp laïc et avec l’augmentation de la popularité persistante d’Ennahdha, le parti reste le favori pour remporter au moins les élections législatives. »
Enfin, l’article met en garde contre « la violence qui pourrait entraver le processus électoral incitant dans ce cas le président à déclarer l’état d’urgence. Or sans contrôle constitutionnel supplémentaire, le risque est que la Tunisie se remette sur la voie du régime autocratique. Pour cette raison, il est essentiel que le Parlement établisse une Cour constitutionnelle ».
L’ICG alerte que l’absence d’une Cour constitutionnelle pourrait plonger la Tunisie dans des eaux dangereuses.