Le report de la Super coupe, qui devait avoir lieu au Qatar, sème le doute sur l’identité de la société organisatrice de la rencontre qui devait opposer l’EST au Club Africain.
Pourquoi la Super coupe qui devait opposer l’EST au Club Africain, le 24 février en cours, à Doha au Qatar, a-telle été reportée ? Quel est le rôle joué par la Fédération Tunisienne de Football (FTF) dans cette affaire ? Quelle est cette histoire de société « fantôme » qui devait organiser le derby tunisois ? Essayons de démêler cet imbroglio digne d’un roman policier.
Des accusations graves
L’affaire éclate quand Romain Molina- un journaliste français de l’Equipe et de France Football, auteur d’une récente publication « Micmac en Tunisie : la société fantôme de la super coupe »- a accusé la FTF d’avoir confié l’organisation de cette Super coupe à une société fantôme.
Il s’agit de la société Oravi World, qui, selon le journaliste, n’a pas d’existence juridique réelle. Elle ne figurerait même pas au registre du commerce de Monaco où elle est supposée être enregistrée.
« La FTF veut tromper les Tunisiens en donnant le registre commercial d’une autre société qui ressemble à la société Oravi World, à savoir Oravi Creative Marketing », a-t-il assuré.
Le hic, poursuit Romain Molina, c’est que « Oravi Creative Marketing n’existe que depuis le 16 janvier en cours, c’est-à-dire bien plus tard que la signature du contrat avec la FTF qui a eu lieu en décembre 2018 ».
« Trois noms de société existent avec des noms de responsables différents, ce qui ajoute au mystère de la société à laquelle la FTF croit avoir confié la Super coupe », conclut le journaliste.
De là à parler d’une affaire de corruption, de fraude ou de collusion de la part des responsables de la FTF, il n’y avait qu’un pas que le journaliste d’investigation a sauté allègrement.
Invité à s’expliquer, dimanche soir, sur le plateau de Dimanche sport, Wadii Jerri le président de la FTF a rejeté en bloc toutes ces accusations et réfuté avec véhémence tout soupçon de corruption.
Tendu, agressif avec le journaliste Mourad Zeghidi qui lui posait des questions précises, le président de la FTF a brandi devant la caméra un document « officiel » qui stipule que la société Oravi World Management existe bel et bien et qu’elle est dûment enregistrée au registre commercial à Monaco… Sauf que personne sur le plateau n’était mandatée pour vérifier l’authenticité de ce document !
Les explications alambiquées de Lamaria Hajji
Pour sa part, Mme Lamaria Hajji, responsable de la société organisatrice de la Super coupe, a annoncé sur le même plateau, avoir intenté un procès contre le journaliste français l’accusant de faire un « pseudo travail investigation à partir de son bureau parisien ».
Invitée à préciser les liens entre Oravi Creative Marketing récemment créée et la société Oravi World, elle était dans l’incapacité de répondre clairement à cette question.
Son discours trop technique et alambiqué donnait l’impression de vouloir brouiller les pistes et qu’il y a aiguille sous roche. Les spectateurs étaient perdus dans ce labyrinthe volontaire d’explications trop tordues pour être vraies.
Au terme de cette émission, de grosses questions restent sans réponse : pourquoi la FTF a-t-elle confié l’organisation de la Super coupe à une société qui n’a jamais organisé un événement sportif digne de ce nom ? Et pourquoi la FTF a-t-elle choisi de délocaliser le derby au Qatar ? Une affaire de gros sous ?