Il va sans dire que startup rime avec innovation et un monde qui change. D’ailleurs tout le monde est d’accord, du côté du gouvernement comme du côté de la société civile, sur l’importance des jeunes pousses. Mais pour une nouvelle génération d’entrepreneurs, une nouvelle mentalité et de nouvelles procédures s’imposent. Dans cette perspective, L’Economiste Maghrébin, en partenariat avec la Banque mondiale, a organisé à Tunis, le 27 février 2019, une rencontre restreinte qui porte sur le thème suivant « Economie 4.0 : innovation-startup-entrepreneuriat », en présence de plusieurs acteurs du tissu entrepreneurial.
Les différents intervenants ont été unanimes sur un certain nombre de points à savoir : la nécessité de mettre en place un accompagnement fort pour les entrepreneurs, définir le profil d’entrepreneur et la notion d’entreprendre, trouver des solutions efficaces pour le problème du financement- le crédit bancaire n’étant pas la forme de financement la plus appropriée pour une startup-, la création de fonds régionaux, la libéralisation de l’administration afin qu’elle ne soit plus un frein pour la prise de risque et l’adaptation de la formation universitaire à la nécessité des entreprises et des startup.
Startup tunisienne : un potentiel à exploiter
Durant le deuxième panel dédié à l’innovation et aux startup, les intervenants sont revenus, entre autres, sur le potentiel des jeunes entrepreneurs tunisiens en matière d’innovation. Sahar Mechri, modératrice et directrice du mensuel le Manager a annoncé les débats avec un certain nombre de constats. Le premier est que la majorité des startup tunisiennes qui ont cartonné sont basées à l’étranger. Le deuxième constat est que le tissu entrepreneurial évolue en Tunisie, et ce malgré un certain nombre d’obstacles. Troisième constat, c’est que la Tunisie dispose d’une jeunesse embarquée dans le futur.
De son côté Amel Saïdane, présidente de Tunisian startup a indiqué que la transformation digitale et la multiplication des startup va dynamiser l’économie tunisienne, notamment dans le secteur textile et le secteur industriel qui sont des secteurs exportateurs.
Pour elle, la question qui se pose est quel positionnement pour une Tunisie qui change ? Pour que la Tunisie ne reste pas en marge, l’intervenante recommande l’intégration de l’innovation à l’économie tunisienne. L’intervenante considère que startup rime avec innovation. Cette innovation se manifeste sur deux plans le premier au niveau du Business plan et le deuxième au niveau technologique. L’innovation se manifeste, entre autres, en la capacité d’une startup à dépasser les frontières géographiques. Ainsi, il est du devoir du pays de créer un environnement propice et un écosystème pour l’émergence d’un nombre important de startup. Tout l’écosystème (université, entreprises, société civile et autres) doit être favorable à cette émergence.
600 startup tunisiennes pour 1000 entreprises
La présidente de l’association affirme que la Tunisie compte à peu près 600 startup qui emploient plus que 1000 entreprises. Suite à la promulgation de la loi startup act, le nombre des startup a évolué de 30%. Évoquant les expériences internationales, elle rappelle qu’en Allemagne l’Etat rembourse à hauteur de 50% le financement en matière de recherche sur l’innovation incitant, ainsi, les entreprises à prendre des risques. Par ailleurs, elle a rappelé que d’ici 10 ans les tâches répétitives dans les grandes industries vont disparaître d’où la nécessité de monter d’un cran et préparer les employés à la nouvelle configuration de l’économie.
Le startup act au cœur de la stratégie d’innovation
Le juriste d’affaires et expert à Banque mondiale, Slim Abdejelil est revenu sur les avantages de la loi startup act. Il a cité entre autres : le droit à un congé pour la création d’une startup- mesure qui concerne la fonction publique et les entreprises privées-, le bénéfice pour le fondateur actionnaire d’une startup d’une bourse de vie, la prise en charge des frais de l’enregistrement des brevets par l’Etat. Outre le mérite de cette loi, qui a pu définir la notion de startup.
De même, la loi a été faite dans un cadre participatif entre société civile et le gouvernement. Le projet a été porté jusqu’au bout par des jeunes. D’ailleurs, les jeunes présentent un paradoxe. D’une part, ils ont un potentiel important et d’autre part, ils posent un problème d’employabilité et d’intégration économique. Il a indiqué, d’un autre côté, que le startup act a résolu partiellement le problème de la convertibilité du dinar pour les entreprises.
Haythme Mehouachi, directeur général de Diva Sicar a souligné lors de son intervention l’importance du startup act en Tunisie. Il a indiqué qu’il est aussi important que la loi 72 qui a dynamisé l’économie nationale à l’époque de Hédi Nouira. Par ailleurs, il a souligné l’importance de mettre en place le fonds des fonds. Il a affirmé aussi que la startup a ses propres spécificités qui sont loin de celles des TPE et PME.
Startup et investissement
Nooman Fehri, président de l’incubateur BIAT Labs, a indiqué, quant à lui, que la Tunisie comprend quatre types d’économie. L’économie standard, l’économie parallèle, l’économie sociale et solidaire et le startup act. Il a indiqué que les deux derniers types d’économie sont spécifiques. Pour booster les startup, l’intervenant a recommandé l’adoption du nouveau Code de change, l’élaboration d’une loi sur la faillite, l’amélioration des moyens de paiement et impliquer les industriels pour le financement des startup.
Lors de son discours de clôture, le ministre de l’Industrie et des PME, Slim Feriani, a indiqué que le gouvernement accorde un intérêt particulier à l’investissement privé et au partenariat public-privé, en tant que véritables moteurs de croissance. Par ailleurs, les entreprises tunisiennes doivent s’adapter aux évolutions technologiques.
Le ministre a affirmé que l’impulsion de l’investissement, le développement du partenariat public-privé sont des aspects fondamentaux du développement économique et social du pays. Ces orientations sont consignées dans notre stratégie construite autour d’un modèle renouvelé, ambitieux, inclusif et durable avec des objectifs très ambitieux qui consistent à hisser le pays à un nouveau palier de développement en termes de contenu et de taux de croissance qui serait de plus de 5% par an à partir de 2020.
Une législation proactive en matière de startup
Par ailleurs, parmi les mesures importantes qui ont été prises par le gouvernement, le ministre a cité notamment : 1. La nouvelle loi sur l’investissement; 2. La loi relative au PPP; 3. La loi sur le startup act; 4. La loi sur le registre national des entreprises. Le ministre a affirmé que ces mesures ont permis d’améliorer le classement par les agences de rating.
En effet, la Tunisie est passée du 88ème rang selon le classement « Doing Business 2018 » au 80ème rang, gagnant ainsi huit places selon le rapport préparé par la BM pour 190 pays. La Tunisie a été classée aussi 40ème sur 100 pays en matière de qualité de l’environnement entrepreneurial et 1er pays africain selon « Global Entrepreneurship Index 2018 ».
Le ministre a annoncé que son ministère passera sous peu un projet de loi sur le crowdfunding devant un CMR avant son examen par l’ARP. Pour tout ce qui est assistance aux PME, le gouvernement a affecté une enveloppe de 400 MD sur trois ans pour assister 600 PME.