La Compagnie générale des salines de Tunisie (Cotusal) ne cesse d’alimenter la polémique autour d’elle. Si certains considèrent que son exploitation du sel tunisien est une atteinte à la souveraineté nationale, d’autres estiment en revanche que sa présence est l’un des moteurs de l’économie tunisienne. Zoom sur un sujet qui ne fait pas l’unanimité.
Le sujet refait surface suite à la décision du Chef du gouvernement de ne pas renouveler le contrat d’exploitation pour l’entreprise. Ainsi, en 2029, cette entreprise n’aura plus droit à l’exploitation des salines. Le Chef du gouvernement Youssef Chahed a déclaré aux médias que cette décision s’inscrit dans le cadre de la souveraineté nationale et « que sa seule boussole est l’intérêt suprême de la Tunisie ».
À partir de ce moment, les détracteurs et les partisans ont annoncé leurs prises de position sur le sujet. Le président de l’Association tunisienne de la gouvernance Moez El Joudi a affirmé, lors de son intervention sur le plateau de Elihiwar Ettounsi, que la compagnie exploite des concessions lui permettant d’exploiter des salines afin de vendre le sel. Il a indiqué que le sel ne représente pas une grande richesse nationale étant donné qu’il n’est pas sous la terre. « Ce n’est pas une denrée rare » fait-il remarquer.
De même, ses actionnaires sont connus : 65% des actionnaires sont étrangers et 35% sont des actionnaires tunisiens, à savoir la STB, la Banque de Tunisie et la Banque nationale agricole (BNA) . Par ailleurs, il a exclu la possibilité de fraude fiscale et de malversation au sein de la compagnie surtout que les entreprises publiques tunisiennes siègent au Conseil d’administration de la compagnie.
En 2018, la COTUSAL a réalisé un chiffre d’affaires de l’ordre de 55 millions de dinars. Pour lui, il s’agit d’un chiffre d’affaires dérisoire dans le monde des affaires. Elle a même généré 14 millions de dinars de bénéfices nets dont l’Etat tunisien a obtenu 1,6 million de dinars. Elle emploie 430 employés.
De ce fait, il soutient que les enjeux ne sont pas aussi importants. De plus, elle n’est pas la seule compagnie qui exerce dans le domaine étant donné que six autres existent déjà. Et de conclure que la décision prise que la Chef du gouvernement ne sera pas bénéfique pour le peuple tunisien en aucun cas ».
Cependant, le parti le Courant démocrate et Ettakatol ont donné un autre son de cloche. Le Courant démocrate a affirmé qu’il avait averti via un huissier notaire, en date du 31 août 2018, la Présidence du gouvernement sur le sujet. Dans cet avertissement, le secrétaire général du parti a rappelé que le secteur des richesses naturelles en Tunisie passe par une situation instable et obscure d’où la nécessité de mettre en place une commission d’enquête neutre.
De son côté, Ettakatol a déposé un recours au mois de mai 2014 afin d’annuler la décision d’octroyer l’exclusivité d’exploitation durant 30 ans de la Sabkhet El Gharra située entre les gouvernorats de Sfax et de Mahdia au profit de la COTUSAL.