Quand nous parlons d’un service public rendu au citoyen nous parlons d’empathie, de compréhension, d’écoute et d’aide pour chaque personne qui franchit la porte d’une administration tunisienne .
Ces qualités humaines doivent en principe se trouver partout mais ce n’est pas le cas dans beaucoup d’administrations.
La Tunisie souffre du manque d’investissement mais quel investisseur supporterait ce calvaire administratif quand d’autres pays lui déroulent le tapis rouge ?
Quant au poste de police, on vous promet de récupérer votre carte d’identité après une semaine, il faut compter des mois. Des allers et de retours sans fin : « Revenez demain à 9h parce qu’après vous risquez de ne pas me trouver. »
Une citoyenne tunisienne Madame T nous a raconté comment une simple demande pour renouveler ses papiers d’identité est devenue une source de stress et de déception pour ce pays qu’elle aime.
« Depuis 2 mois que j’essaye de renouveler ma carte d’identité sans succès. J’ai préparé la première fois tous les documents et je les ai déposés mais le dossier n’a pas été accepté parce que bien que ayant un diplôme en finance je travaille comme administratrice d’un site web. Votre fonction ne correspond pas à votre diplôme, m’ont-ils dit. J’ai de l’expérience leur ai je répondu et je leur ai même montré mon Cv. D’ailleurs, je ne comprends pas ce choix de mettre la profession sur la carte d’identité. Cette carte est censée démontrer notre identité et notre citoyenneté. Que je sois un travailleur journalier, une femme de ménage ou un chef d’entreprise qu’est-ce que ça change? Ne suis-je pas Tunisienne pour autant? Et je ne vois pas pourquoi je dois donner un diplôme? »
Sa demande a aussi été refusée parce qu’ils n’ont pas su traduire sa fonction actuelle. Entre-temps ses papiers ne sont plus valides, elle a dû les refaire. Cette carte d’identité est devenue une source de stress. Elle se sent humiliée dans sa citoyenneté!
Si au sein des différentes organisations où elle a bossé on lui a demandé d’être exemplaire, elle aimerait que cette notion d’exemplarité soit aussi appliquée dans les administrations tunisiennes. »
Nous avons aussi le témoignage de Madame H : »je suis docteur. J’ai eu un doctorat en amélioration génétique à l’étranger. j’ai effectué plusieurs post-docs dans des centres internationaux et écrit plusieurs articles. Je suis chercheuse. En Tunisie, la recherche est sous-évaluée, lorsque j’ai dû refaire ma carte d’identité ils m’ont demandé plusieurs papiers concernant ma profession des justificatifs que je ne pouvais pas apporter . J’étais pressée de refaire mon passeport. A la fin, ils m’ont mis comme profession femme au foyer. Je n’ai rien contre les femmes au foyer, je trouve qu’elles ont beaucoup de mérite. Mais cette profession ne correspond pas à ce que je suis réellement. »
On se demande pourquoi les jeunes quittent le pays, en voici une des raisons. Si aujourd’hui la principale devise dans le marketing est « le client est roi, il a toujours raison » pourquoi ne pas l’utiliser dans les administrations tunisiennes et prioriser la satisfaction du citoyen.