Cette année, le 8 mars, Journée internationale de la femme, c’est au siège de la Bourse de Tunis que l’ONU Femmes a célébré cette journée sur le thème : « Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement ».
A l’instar des Bourses des capitales du monde entier, la Bourse de Tunis a organisé le « Ring the Bell for Gender Equality » littéralement « Sonner les cloches pour l’égalité des genres » pour célébrer cette journée.
Placer l’innovation au cœur des efforts pour parvenir à l’égalité des genres. C’est ce qui ressort de la conférence. D’ailleurs, la matinée s’est poursuivie par l’organisation d’une discussion sur les conditions de succès de l’entrepreneuriat des femmes en Tunisie et la présentation des résultats de la première enquête réalisée par la Bourse sur la responsabilité sociétale et le leadership féminin dans les sociétés cotées et les sociétés d’intermédiation boursière.
Bilel Sahnoun, Directeur Général de la Bourse de Tunis, a mis l’accent sur le coût du potentiel non réalisé engendré par les inégalités hommes-femmes et le sous-emploi des ressources féminines sur la croissance et les revenus. Il a également rappelé le rapport annuel de la Banque mondiale, »Women, business and law de 2018 » que le monde se privera de 160 000 milliards de dollars si les inégalités de rémunération entre hommes et femmes se poursuivrait plus longtemps.
Ce qui pose un énorme problème, faut-il attendre un siècle pour atteindre une égalité parfaite? Mais plus encore pourquoi se préoccupe-t-on de l’égalité des sexes? Peut-on se permettre plus longtemps ce gaspillage de ressources humaines quand on sait que les femmes et les filles représentent plus de 50% de la population en Tunisie ? Beaucoup de questions demeurent sans réponse.
Dans sa version de 2019, couvrant 187 pays sur une période de dix ans, la Tunisie a été classée 52ème. Elle est considérée comme un pays offrant une égalité parfaite des sexes, à l’instar de la Belgique, du Danemark, de France, de Lettonie, du Luxembourg, et de Suède.
Les femmes tunisiennes ne disposent que 58,75% des droits accordés aux hommes.
Le rapport de la Banque Mondiale montre que les femmes à l’échelle mondiale n’ont que les trois-quarts des droits des hommes. Beaucoup moins pour les femmes tunisiennes qui ne disposent que de la moitié (58,75%) des droits accordés aux hommes.
Que faut-il en déduire? Selon M. Sahnoun, ce faible score est dû au fait que sur 8 critères de notation, nous sommes encore très mauvais sur 4 critères: se marier, commencer un travail, être payée et égalité des salaires, gérer des actifs (et là il est vrai que l’univers des investisseurs chez nous au Marché Financier est plutôt masculin)
Alors que les 4 critères où on peut évoquer un bon score sont :l’accès aux mêmes lieux, avoir des enfants, diriger une entreprise, avoir une pension de retraite.
Il ajoute: « Je pense que le problème est culturel ». Au-delà de la réalité du terrain, qu’en est-il quant à l’accès aux postes de responsabilité ? A cette interrogation, M. Sahnoun met l’accent sur la perception de l’homme qui est en cause lors du recrutement. Il préfère recruter un homme plutôt qu’une femme car une femme a la charge d’une famille. Elle est donc sujette à la fatigue, aux absences répétées etc.
10% de postes de décision sont tenues par des femmes
De ce fait, le système de la parité dans les Conseils d’administration, comment est-il évalué? A cette interrogation, « l’étude qui a été faite auprès des sociétés cotées en Bourse montre que peu de femmes président les Conseils d’administration ou les directions générales. Elles sont 6 sur 82, répond-il, tout en ajoutant qu’au nombre de postes d’administrateurs dans les conseils d’administration cotées, il n’y a que 10% de postes qui sont tenues par des femmes».
La stratégie triennale que la Bourse adoptera pour promouvoir les bonnes pratiques du développement durable dans le marché, à savoir : la publication d’un guide modèle pour le reporting extra-financier des sociétés cotées sur les aspects ESG, la création d’un indice RSE, le lancement d’un segment de green bonds pour financer les projets verts, la formation des instances de gouvernance des entreprises cotées sur les questions du développement durable et la promotion de la diversité.
Pour sa part, Madame Begona Lasagabaster, représentante d’ONU Femmes en Tunisie, a indiqué qu’il est nécessaire d’envisager comment l’innovation peut aider à éliminer les obstacles et à accélérer le progrès vers l’égalité des sexes, encourager les investissements dans des systèmes sociaux sensibles à la question du genre et bâtir des services et infrastructures adaptés aux besoins des femmes et des filles.
Cette année, la thématique « Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement » inaugure un avenir où l’innovation et la technologie ouvriront de nouvelles portes aux femmes et aux filles, afin qu’elles puissent jouer un rôle actif dans la mise en place de systèmes plus inclusifs, de services efficaces et d’infrastructures durables qui serviront à atteindre plus rapidement les objectifs de développement durable et l’égalité des sexes.
Un recueil de preuves des instances internationales témoigne du potentiel non réalisé engendrer par les inégalités hommes-femmes en termes de croissance et de revenus.
Il est important d’agir maintenant et avec détermination pour investir dans des politiques qui favorisent l’accès des femmes à des emplois plus nombreux, de meilleure qualité et qui plaident en faveur de l’égalité salariale.
Et pour parvenir à l’égalité parfaite, améliorer l’efficacité économique. Lorsque les femmes réussissent, des familles, des communautés et des pays entiers s’épanouissent. Alors franchissons le pas pour l’égalité des genres.