Profondément enraciné dans les économies et les cultures des peuples du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord (NENA), le palmier-dattier est sérieusement menacé et, avec lui, les moyens de subsistance de quelque 50 millions d’agriculteurs de la région.
La cause se manifeste par le charançon rouge du palmier, le ravageur le plus dangereux et le plus destructeur des palmiers au monde, capable de se nourrir du tissu en croissance de l’arbre de l’intérieur. Cet insecte est originaire d’Asie du Sud-Est et s’est rapidement répandu au Proche-Orient et en Afrique du Nord, où sont cultivés environ 90% des palmiers -dattiers du monde.
Une partie du problème réside dans le fait que la détection précoce est difficile car il existe peu de symptômes visibles de l’extérieur qui indiquent la présence du ravageur dans un arbre hôte. Les équipes de terrain doivent rechercher de petits trous d’entrée d’insectes dans la base ou la cime de chaque arbre.
Les défaillances des procédures de quarantaine sont également à blâmer : le ravageur nuisible envahissant se déplace d’un pays à l’autre principalement par le biais de matériel destiné à la plantation infesté.
Il est clair que pour lutter efficacement contre ce ravageur, il faut renforcer la solidarité et la coopération entre les pays et les régions, en particulier pour garantir la suppression des ravageurs des plantes hôtes commercialisées du charançon rouge des palmiers et pour harmoniser les stratégies de surveillance et de contrôle.
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) est à l’avant-garde des efforts qui visent à lutter contre le charançon rouge des palmiers, par le biais de collaboration avec de nombreux partenaires, tels que le Prix international Khalifa consacré au palmier-dattier et à l’innovation agricole (KIADPAI), le Centre international de recherche agricole dans les zones arides, l’Organisation arabe pour le développement agricole (OADA), l’Organisation pour la protection des plantes au Proche-Orient et l’Institut agronomique méditerranéen de Bari.
En 2017, la FAO a organisé une réunion de consultation scientifique et de haut niveau réunissant des pays membres, d’autres agences des Nations unies, des organisations non gouvernementales, des autorités de réglementation, des scientifiques internationaux, des organisations d’agriculteurs et le secteur privé. La réunion a convenu d’une stratégie-cadre pour l’éradication du RPW et d’un soutien à la création d’un fonds d’affectation spécial pour sa mise en œuvre.
Contenir, contrôler et enfin éradiquer le charançon rouge des palmiers est possible
En Mauritanie, par exemple, une approche intégrée de la lutte antiparasitaire basée sur la participation active et le ferme engagement des agriculteurs et de leurs coopératives a permis de freiner considérablement sa propagation dans la région de Tidjikja, autrefois infestée par le charançon rouge.
Une partie de la solution réside dans les systèmes d’information géographique qui collectent des données à partir d’arbres infestés afin de mieux gérer les opérations de lutte contre ces ravageurs. Par ailleurs, des recherches sont en cours pour mettre au point des mesures naturelles de lutte contre les ravageurs. Parmi les autres solutions innovantes, nous pouvons signaler les chiens capables de renifler et de détecter les infestations, la détection par imagerie thermique et les microphones ultra-sensibles pouvant entendre les larves se nourrir à l’intérieur d’un palmier.
La FAO met actuellement au point des outils simples mais puissants pour aider les agriculteurs à mieux surveiller et gérer le charançon rouge du palmier. SusaHamra, une application pour téléphone mobile, est utilisée pour collecter des données standard lors de l’inspection et du traitement des palmiers et de la vérification des pièges à phéromone pour le charançon rouge des palmiers. Une plate-forme mondiale est en cours d’établissement pour la cartographie des données de terrain et l’analyse permettant de la sorte une meilleure prise de décision. La télédétection est en train d’être combinée à l’intelligence artificielle pour cartographier les palmiers afin d’améliorer la surveillance de la propagation du charançon rouge des palmiers.
Mettre fin à la propagation du charançon rouge des palmiers exige également que les pays s’engagent à appliquer les mesures phytosanitaires internationales relatives au mouvement transfrontalier de matériel infesté.
La FAO a mis au point un programme régional quinquennal pour la région MENA dans le but de soutenir les efforts déployés dans plus de 15 pays afin de contenir la propagation et, finalement, d’éradiquer le ravageur. Ce programme est axé sur trois éléments interdépendants : la recherche, le renforcement des capacités, ainsi que le transfert de connaissances et de technologies.
Le succès dépend du soutien des gouvernements et des partenaires. À cette fin, les 9 et 10 mars à Abu Dhabi, la FAO co-organise une réunion de donateurs pour réapprovisionner le fonds d’affectation spécial créé en 2017. La FAO compte sur la générosité de tous les pays, notamment ceux du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord, afin de lutter contre le charançon rouge des palmiers. Nous devons poursuivre sur cette lancée pour mettre fin à cette menace imminente et sérieuse qui affecte les palmiers.
Par : José Graziano da Silva, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)