Le décès de douze nourrissons, dans un hôpital de Tunis, est un drame national. Alors que médecins et professeurs en médecine dénoncent haut et fort, depuis des mois, la dégradation du système de santé publique en Tunisie.
Une tragédie, du jamais vu. Des parents portent dans leurs bras un carton, dans lequel repose leur nouveau-né, hors du service de néonatalogie de l’hôpital Wassila-Bourguiba, relevant de La Rabta. Et le comble, ils ont dû payer 560 dinars pour pouvoir sortir leur enfant de l’hôpital. La seule justification de la cause du décès, qu’on leur a donné : une tension artérielle trop élevée.
A l’heure actuelle, selon les premiers éléments de l’enquête, les causes des décès se dirigent vers des infections nosocomiales liées aux soins, contractées au cours de l’hospitalisation) et dont le point de départ serait un produit d’alimentation parentérale, mentionne la Société Tunisienne de Pédiatrie, dans un communiqué publié sur sa page Facebook.
Une infection nosocomiale en cause
Joint par téléphone, Souhail Alouini, président de la commission de la Santé à l’ARP, lui aussi fait le constat qu’il s’agirait d’une infection nosocomiale. Il précise dans ce contexte : « Les enfants nés prématurément doivent recevoir des fluides préparés d’une façon stérile et dans une chambre blanche. Selon les premiers éléments de l’enquête, il y aurait eu une infection du sérum qui leur a été injecté. L’enquête doit suivre son cours. Il s’agit d’un drame national. On n’acceptera pas autre chose que la vérité et la transparence. »
Pour sa part, Faouzi Charfi, médecin depuis 35 ans, souligne que cette affaire a créé un choc en Tunisie où la crise du système de santé publique défraie quotidiennement la chronique.
Il indique : « Mais cela ne peut, en aucun cas, excuser la dégradation constante des hôpitaux publics et de tout notre système de santé. Et ce, malgré les nombreux cris d’alarme lancés par les tous les représentants du corps médical et paramédical, depuis de longs mois. »
Il conclut : « Le secteur de la santé publique était en crise depuis plusieurs années bien avant 2011. Mais après le 14 janvier 2011, il y a une accélération de la dégradation. De ce fait, aucune réforme n’a été réalisée depuis 7 ans. Quant aux principales causes, elles reviennent en partie à l’absence de volonté politique. Mais aussi, il y a un problème de corruption et de manque de moyens. Aujourd’hui, il est plus que jamais nécessaire de sauver l’hôpital public. »