Au pouvoir en Israël entre 1996 et 1999, Benyamin Netanyahu reprend son poste de Premier ministre en 2009 et y est toujours. Pendant sa campagne électorale de 2015, il avait promis aux électeurs israéliens de « ne jamais permettre la création d’un Etat palestinien. »
Cette promesse est fallacieuse non pas parce qu’il ne va pas la tenir, mais parce que telle est sa politique qu’il n’a pas cessé d’appliquer depuis son premier mandat de Premier ministre en 1996.
Netanyahu connaît bien la nature du corps électoral israélien (majoritairement de droite et d’extrême droite) et sait parfaitement que sa fausse promesse sonnerait comme une mélodie aux oreilles de ses électeurs. Il n’avait pas tort, la preuve : il était élu haut la main en 2015, après l’avoir été avec autant de succès en 2009 et 2013.
Nous sommes en 2019 et la campagne électorale bat son plein à un moment où Netanyahu a besoin plus que jamais d’être réélu dans l’espoir de pouvoir étouffer les nombreuses affaires de corruption liées à sa gestion de l’Etat et aux interventions de sa femme dans les coulisses du pouvoir.
Fin février dernier, le procureur général israélien, Avichaï Mandelblit, a informé Benyamin Netanyahu de son intention de l’inculper et de le faire juger pour « corruption, fraude et abus de confiance ». Evidemment Netanyahu a réagi en dénonçant « la chasse aux sorcières » et ses adversaires « gauchistes qui font des pressions sur le procureur », promettant que « ce château de cartes s’écroulera totalement après les élections ».
Poussé dans ses derniers retranchements, incapable de faire cesser le bruit des casseroles qu’il traîne derrière lui, Netanyahu s’accroche aux élections du 9 avril prochain comme un noyé s’accroche à une bouée de sauvetage dans une mer houleuse. Il lui fallait un slogan qui servirait comme un électrochoc pour mobiliser le corps électoral de droite et d’extrême droite en sa faveur. Il n’a pas tardé à le trouver et à en faire son cri de ralliement : « L’Etat d’Israël n’est pas l’Etat de tous les citoyens, mais seulement du peuple juif ».
Encore une fois, Netanyahu a recours à l’hypocrisie comme moteur principal de sa campagne électorale. Cette affirmation, que d’aucuns considèrent comme une nouveauté spectaculaire présentée par Netanyahu comme une promesse implicite qu’il pratiquera une politique discriminatoire à l’égard des citoyens arabes d’Israël, est une autre fausse promesse.
Une fausse promesse non pas parce que Netanyahu ne va appliquer de politique discriminatoire, mais parce qu’il l’a appliquée depuis qu’il est au pouvoir et qu’il l’appliquera tant qu’il occupe le poste de Premier ministre d’Israël. Après le slogan de la campagne de 2015 « avec moi, il n’y aura pas d’Etat palestinien », le génie créatif de Netanyahu enchante les électeurs de droite et d’extrême droite par le slogan de la campagne de 2019 « Avec moi, l’Etat d’Israël n’est pas celui de tous les citoyens, mais seulement des Juifs ».
Ces manœuvres électorales misérables de Netanyahu nous remettent en mémoire le célèbre roman de Georges Orwell « La ferme des animaux ». Dans cette fiction, les animaux, ulcérés par le traitement inhumain que leur infligeait M. Jones, le propriétaire de la ferme, se révoltent contre lui, le chassent et décident de gérer eux-mêmes leur ferme.
Mais c’était compter sans la bassesse, la filouterie et la fripouillerie des cochons qui se sont emparés du pouvoir et ont mis en place un système d’exploitation et d’oppression des autres animaux pire que celui de M. Jones. Ils ont pris toutefois la précaution d’afficher partout dans la ferme que « tous les animaux sont égaux, mais il y a des animaux plus égaux que d’autres. »
Il en est de même dans l’ « unique démocratie du Moyen-Orient ». De l’aveu du numéro un de cette « démocratie », tous les citoyens sont égaux, mais les citoyens juifs sont plus égaux que les autres.