Et si la lutte contre le réchauffement climatique s’avérait le plus puissant vecteur d’affirmation d’une citoyenneté mondiale ?
Alors que l’idée même d’opinion publique ou de communauté internationale laisse encore perplexe, l’enjeu écologique semble être une source de mobilisation transnationale des sociétés civiles.
Si c’est en Europe que le mouvement est né, le monde entier est désormais concerné. Ainsi, les 15 et 16 mars derniers ont été marqués par des grèves et manifestations dans plus de 100 pays contre le réchauffement climatique. Un large mouvement citoyen sans précédent, annonciateur d’une conscience de l’urgence climatique ?
L’enjeu du XXIe siècle
Le réchauffement climatique est l’enjeu du XXIe siècle. Il engage l’avenir de l’humanité et de son environnement. Depuis l’avènement de l’ère industrielle, la responsabilité de l’activité humaine ne fait plus vraiment débat : scientifiques, ONG et responsables politiques de tous pays en conviennent.
Pour que la lutte soit efficace, il est impératif que chaque Etat et personne privée- morale ou physique- s’implique, tant le phénomène est global.
L’enjeu est de taille : le réchauffement climatique ne doit pas dépasser les 2° C par rapport à l’ère préindustrielle. Or afin de pouvoir rester en dessous d’une hausse de 2°C d’ici 2100, il faudrait déjà diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 40% à 70% d’ici 2050…
Dès la fin des années 80, nombre de scientifiques sonnent l’alarme, celle du réchauffement climatique. Les Nations unies réagissent par la création en 1988 le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC). Depuis, celui-ci remet des rapports qui confirment régulièrement cette tendance de fond : le phénomène d’effet de serre contribue à un réchauffement de la Terre.
Le Sommet de la Terre à Rio (au Brésil) en 1992 aboutit à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, ratifiée par 196 « parties » (195 pays, plus l’Union européenne).
Toutefois, aucune mesure concrète n’est prise dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les premières du genre datent du Protocole de Kyoto (1997). Cet accord international tire les conséquences des conséquences des émissions de gaz à effet de serre sur le réchauffement climatique, en exigeant des « pays industrialisés historiquement responsables » (37 au total) de baisser leurs émissions par rapport à 1990. Chacun de ces Etats se voit attribuer un objectif obligatoire à atteindre pour la période entre 2005 à 2012.
Le Protocole de Kyoto n’entre en vigueur qu’en 2005, mais sans avoir été ratifié par le principal « Etat-pollueur » de la planète (du moins à l’époque) : les Etats-Unis.
De plus, le texte n’était pas juridiquement contraignant pour des pays qui sont aujourd’hui de gros producteurs de gaz à effet de serre (Chine, Inde). Après l’échec de la Conférence de Copenhague (en 2009), rendez-vous fut pris pour la COP21 à Paris.
Malgré l’engagement des pays pris lors de l’accord de Paris pour limiter le réchauffement à + 2° C par rapport à l’ère préindustrielle, les émissions de CO2 continuent de croître et placent notre planète sur un réchauffement qui risque de dépasser 3 ou 4 degrés en 2100.
Soutenue par la communauté scientifique et par le Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres: («Ma génération n’a pas réussi à répondre au défi dramatique du réchauffement climatique. C’est normal que les jeunes soient en colère.»), la mobilisation citoyenne se diffuse et s’organise sur les réseaux sociaux.
La mobilisation de la jeunesse mondiale
Le mouvement lancé il y a quelques mois par la jeune Suédoise Greta Thunberg, 16 ans, n’en finit pas de prendre de l’ampleur.
Désormais plus de 100 pays sur tous les continents sont concernés. Même si le monde arabo-musulman semble encore en retrait, depuis quelques semaines, des jeunes de part le monde – du Chili à la Chine – organisent des rassemblements, manifestations et « grèves scolaires » contre l’action face au dérèglement climatique.
Le 15 mars, ils étaient au cœur d’une marche pour le climat : des centaines de milliers de jeunes collégiens, lycéens et étudiants ont manifesté à travers le monde pour exprimer leur colère et indignation face à l’inaction des pouvoirs publics.
Politiquement, au-delà des requêtes spécifiques à chaque pays, l’exigence est la même : respecter l’accord de Paris, adopté en 2015, qui prévoit de limiter le réchauffement climatique en dessous de 2°. Sommes-nous capables de décider ensemble au nom de l’intérêt supérieur de nos enfants ?