Il n’y a pas, semble-t-il, que les quelques nervis et autres extrémistes pour distiller un discours anti-migrants. Ainsi, les porteurs d’idées suprématistes se trouvent parmi l’élite politique dans certains pays dits civilisés. Et pourtant la Nouvelle Zélande fait l’exception.
Samedi 16 mars 2019. Les médias français rapportent les actes de violence perpétrés au cours d’une énième manifestation des gilets jaunes. Saccage, vandalisme, vol et autres incendies : le spectacle a été navrant à Paris, la ville des Lumières.
Deux jours auparavant, le 14 mars 2019, le monde se réveille sur un carnage. Quelque cinquante prieurs musulmans sont froidement assassinés dans deux mosquées du bout du monde : la Nouvelle Zélande. Un suprématiste blanc filme en direct sur les réseaux sociaux ses lâches assassinats.
Des faits et gestes de personnes civilisées. Qui sont nées et qui ont vécu au milieu de valeurs pour lesquels leurs ancêtres sont allés, au cours des siècles précédents apporter la civilisation à d’autres peuples moins évolués. Que se soit en Afrique, en Asie ou aux Amériques.
Des valeurs souvent synonymes, en pratiques, de bien de méfaits. Et pour lesquels ils se sont plus tard excusés : le Sénat a présenté, aux Etats-Unis d’Amérique, en juin 2009, formellement ses excuses, au nom du peuple américain, pour «l’esclavage et la ségrégation raciale» envers les Noirs Américains.
« Substitution de la population française et européenne »
L’éradication des indiens aux Etats-Unis, ce sont effectivement des hommes civilisés. La Traite des noirs, c’est également eux : « l’historien, Olivier Pétré-Grenouilleau a estimé, en 2004, à 42 millions le total de victimes pour trois traites négrières ».
Le million d’Algériens tué entre 1954 et 1962, ce sont également eux. Plus récemment, les Vietnamiens morts entre 1960 et 1972 (entre 4000 et 10 000 victimes), c’est encore eux. Et « les sanctions contre l’Irak de Saddam Husseïn avaient causé la mort de plus de 500.000 enfants irakiens ».
Et ça continue. Sous d’autres formes. La haine et le mensonge continuent à habiter et à travailler nombre de civilisés qui évoquent l’étranger sous le plus mauvais jour.
Ainsi en est-il de cette théorie du « Grand remplacement ». Œuvre d’un personne haineuse et dévastée par la peur, et qui se dit intellectuel, Renaud Camus, elle dit qu’ « il existerait un processus de substitution de la population française et européenne par une population non européenne, originaire en premier lieu d’Afrique noire et du Maghreb ».
Remis à l’ordre du jour à l’occasion du crime de Brenton Tarrant, le 14 mars 2019, en Nouvelle-Zélande, elle continue à inonder les discours racistes. Brenton Tarrant, a diffusé, à ce propos, un document intitulé « Le Grand remplacement » sur Twitter quelques instants avant l’attaque.
En fait, une vision qui dit que l’Europe et le monde dit civilisé est menacé par des hordes de migrants. Pour ne pas dire qu’il est condamné, du fait de cette « invasion », à vivre une tragédie humaine.
Et il n’y a pas, semble-t-il, que les quelques nervis et autres extrémistes pour distiller un discours de ce type. Ainsi, les porteurs d’idées suprématistes se trouvent parmi l’élite politique dans de nombreux pays dits civilisés.
« Symbole d’une identité blanche renouvelée »
Souvent des phrases prononcées ici et là les trahissent. Ainsi, le chef de l’Etat américain Donald Tramp, qui s’entête à construire un mur avec le Mexique, allant jusqu’à opposer un véto à un vote contraire du Sénat, a qualifié les étrangers venus du Honduras, en juin 2019, d’ « envahisseurs ».
Plus proche de nous, en Italie, le ministre de l’intérieur, Matteo Salvini, avait déclaré, en juin 2018 :« il y a de plus en plus de migrants clandestins qui arrivent de Tunisie ici (en Italie). Ce ne sont pas des réfugiés de guerre mais bien souvent des délinquants et ex-détenus ».
Le criminel Brenton Tarrant, a rendu hommage, dans son document de 74 pages, cité plus haut, au président américain qu’il considère « comme symbole d’une identité blanche renouvelée ». Interrogé vendredi soir sur ce crime, le président américain a estimé que l’idéologie de la suprématie blanche n’était « pas vraiment » une menace répandue.
Excellente analyse faite par Si Mohamed Gontara.
Le pire est effectivement à craindre quand au plus haut sommet des Etats est démultiplié le discours suprématiste. Alors le terrorisme ne connaîtra plus de frontières (si ce n’est déjà fait).
Excellent article.