Le discours du président de la République, à l’occasion du 63 ème anniversaire de l’indépendance n’a fait qu’exprimer un clivage au sein du paysage politique. Que pensent les députés , toutes tendances confondues ?
Joint par téléphone, Watfa Belaïd, la présidente du Conseil Central du parti Machrou3 Tounes, rappelle que le 20 mars est une date historique. Une date nationale qui retrace toute la période de l’indépendance jusqu’à ce jour.
Selon elle, les Tunisiens s’attendaient à un discours reflétant la période à venir, son son intention de se présenter à la présidentielle ou non. Mais voilà, il demeure évasif sur la question. Elle précise dans ce contexte : « Un discours dans lequel il a mis l’accent sur les contre-performances du mandat du gouvernement et celles du législatif. Alors que la responsabilité est commune. A mon sens, il y a eu beaucoup d’accusations contre toutes les personnes et tous les partis. Autrement dit, il n’a fait que désunir au lieu de rassembler. »
Evoquant les interrogations de Béji Caïd Essebsi par rapport au retrait du parti Machrou3 Tounes de l’Accord de Carthage, Mme Belaïd a répondu : « Le président de la République s’est posé des questions suite au refus de Machrou3 de se rapprocher de Nidaa Tounes. Et il avait l’air étonné. Alors qu’ il savait très bien que l’état d’effritement de Nidaa et les problèmes internes- notamment la non-tenue du congrès et la main mise du directeur exécutif sur le parti- ne pouvaient pas faciliter un rapprochement. Or on aurait voulu que le Chef de l’Etat au lieu de s’attaquer à Machrou3. Qu’il se penche en tant que président honorifique sur la résolution des problèmes épineux de Nidaa et à la main mise du directeur exécutif sur le parti ».
Par ailleurs, Souhail Alouini, député du parti Tahya Tounes a soulevé qu’il y avait deux volets dans son discours, un volet historique de l’indépendance, car il est important de se rappeler de l’histoire et un second volet politique. « Alors que j’aurais aimé voir un discours rassembleur que celui de diviser », réplique-t-il.
« Quant aux chiffres positifs, il a omis de les mentionner, tels la reprise du tourisme, la croissance qui est en train de s’améliorer”.
Et de poursuivre: « Cela dit, je suis d’accord avec le président de la République sur le fait qu’il y a quelques failles dans la Constitution. Il est vrai que le président est élu à partir d’un suffrage universel, il devra ainsi avoir plus de prérogatives. Mais cela on n’y peut rien, le Parlement a un rôle à jouer, notamment à revoir certains textes de lois. »
Il ajoute : « Une fête nationale doit exprimer sa joie et non de se retrouver à des disputes intestines qui n’expriment en rien le quotidien du Tunisien. Mais cela n’empêche que je salue son patriotisme et la notion d’homme d’Etat qui devient une perle rare de nos jours et qui devrait être plus présent ».
Pour sa part Jilani Hammami, député du Front Populaire n’a pas manqué d’évoquer le Front Populaire n’a pas été invité à la cérémonie de la fête de l’indépendance.
Revenant sur le discours de Béji Caïd Essebsi, M. Hammami a mis l’accent sur les conflits profonds entre la présidence de la République et la présidence du gouvernement et qui ne sont une surprise pour personne. Et pour ce qui est de la nécessité d’amender la Constitution et mettre fin au tourisme parlementaire, M. Hammami a rappelé que ce n’est pas à lui d’en décider cela doit passer par un projet de loi. D’ailleurs, pour la première fois, le président a dit qu’il n’a pas de solution et il avoue qu’il s’est trouvé dans une situation de mainmise du gouvernement. Quant à la liberté de la presse, il a fait allusion à la main mise de ses conseillers et les pressions exercées sur les médias ».
Il conclut : « Il défend la liberté d’expression alors qu’il n’a osé de la défendre que seulement quand il s’est senti victime ».