« Entre aspirations et réalité : la transition démocratique tunisienne dans le contexte de changement de l’ordre mondial ». Tel est le thème abordé lors de la conférence organisée dans le cadre de la troisième « Green Lecture ». Par la Fondation Heinrich Böll Stiftung.
Était présente lors de la conférence, Barbara Unmüßig, membre du conseil d’administration de la fondation et experte en politique internationale et activiste de la société civile. Elle a mis l’accent sur les dangers de « l’érosion du système multilatéral » due à des dirigeants (Trump, Bolsonaro, Salvini…). Dont les décisions populistes fragilisent l’équilibre mondial des nations; en essayant de minimiser le rôle joué par les organisations internationales. Comme celles dépendantes des Nations Unies.
Elle a également évoqué les conséquences du changement de l’ordre mondial dans l’espace de dialogue pour la société civile, le « shrinking space ». Et comment cela peut toucher les libertés individuelles et les droits humains.
De son côté, Wahid Ferchichi, enseignant en droit public à la FSJPST, a débattu des conséquences de ce changement pour la Tunisie. Où les conventions internationales ratifiées sont fermement ancrées dans la hiérarchie juridique.
Par ailleurs, Fadhel Moussa, ancien doyen de la FSJPST, membre de l’Assemblée nationale constituante et actuellement maire de l’Ariana, a souligné l’importance des conventions internationales dans le système des normes tunisiennes. En prenant comme exemple les conventions environnementales. A l’instar de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques, célèbre à travers « l’Accord de Paris ».
Fadhel Moussa : « La Tunisie est l’un des trois pays à constitutionnaliser la sécurité du climat »
Il déclare dans ce contexte : « La Tunisie est l’un des trois pays à constitutionnaliser la sécurité du climat. Ce qui est certain, c’est que notre Constitution est bien outillée. Mais ce qui manque, c’est l’application qui doit suivre. »
Pour sa part, Salsabil Klibi, enseignante universitaire à la FSJPST et spécialiste en droit constitutionnel, a évoqué la situation actuelle des droits humains dans le monde. Au regard du rétrécissement de l’espace de dialogue au sein de la société civile. Elle précise : « Au lendemain de 2011, il n’y a eu ni développement économique, ni liberté politique. Alors se pose une question : si vous n’avez pas de liberté d’expression. Est-ce que vous pouvez revendiquer votre droit au travail ? »
De son côté, Zied Boussen, consultant en gouvernance, politiques publiques et droits de l’Homme a insisté sur les dangers de la réforme du cadre législatif régissant les associations. Il précise : » On sent bien que le verrouillage progressif est bien présent. Mais qu’il s’exerce sous couvert de lutte contre le blanchiment d’argent et le terrorisme ». Il souligne : « Les 22 000 associations existantes en Tunisie sont quasiment sujettes à des peines de prison, car une bonne partie des associations qui contrôlent les institutions et l’ARP dérangent. Ils sont plusieurs au sein de l’Etat à vouloir à tout prix les voir disparaître ».
Les panélistes ont mis l’accent sur la nécessité de ne pas lâcher prise et de protéger les acquis en termes de défense des droits de l’Homme et de l’environnement.