En 2017, le montant des transactions en ligne n’a pas dépassé les 650 millions de dinars. Le pays ne compte que 260 000 terminaux de paiement électronique. Ces deux chiffres montrent, malgré le grand nombre de Tunisiens connectés, une grande réticence à l’égard des moyens de paiement électroniques. Cela s’explique essentiellement par le coût élevé des frais et par des craintes exprimées par les consommateurs quant aux normes de sécurité.
leconomistemaghrebin.com a rencontré, en marge d’une rencontre sur le thème « Fintech et besoins des nouveaux consommateurs », Khaled Bettaieb, Directeur Général de Tunisie Monétique. Cette rencontre a été organisée à l’occasion de la Journée mondiale des droits des consommateurs célébrée le 19 mars de chaque année.
Qu’est-ce qui encourage les consommateurs à entrer un processus d’achat dématérialisé ?
Ce processus permet de réduire les délais. Le consommateur va gagner en termes de coût et va lui faciliter la vie. En Tunisie, on a réalisé de vraies réussites. A titre d’exemple, l’enregistrement à distance des élèves a connu un franc succès parce qu’il a facilité la tâche aux parents qui ont tout un process simple à utiliser. On s’attend à deux millions d’inscriptions en ligne pour la prochaine année scolaire.
Un deuxième exemple de réussite : la télécompensation relative au recouvrement des chèques où les utilisateurs ont trouvé un intérêt dans l’utilisation de ce processus.
En vérité, on n’a pas besoin d’une vraie réglementation parce qu’aujourd’hui, les consommateurs cherchent beaucoup plus une vraie garantie et une certaine légitimité. Celles-ci ne peuvent être assurées que par l’administration qui doit montrer la voie aux Fintechs.
La nouveauté aussi en matière de dématérialisation pour cette année est la reconnaissance dans la loi de finances de la facture électronique qui fait foi en tant que pièce comptable.
Les besoins des nouveaux consommateurs en matière de paiement électronique sont-ils couverts par la réglementation ?
La réglementation existe en Tunisie à travers principalement deux lois depuis l’an 2000 : la loi n°2000-83 et la loi n°2000-57 parlent de la preuve des documents électroniques…Toutefois, ces lois ne sont pas aujourd’hui applicables qu’en cas de litige. Mais dans ce cas, on constate que certains juges d’instruction ne maîtrisent pas convenablement certains aspects techniques et les concepts de la dématérialisation électronique. Cela n’encourage pas les consommateurs à recourir au processus d’achat transactionnel dématérialisé.
Quel rôle pourrait jouer Tunisie Monétique dans l’accélération du développement du commerce électronique en Tunisie ?
Tunisie Monétique assure notamment l’aspect technique et la sécurisation du processus de la digitalisation (paiement électronique, paiement mobile…) à travers la mise en place de différentes plateformes nécessaires. Elle est aussi une force de proposition. On travaille actuellement avec le ministère des Finances sur un projet de paiement mobile et électronique des impôts.