A voir comment on s’active à Carthage et à l’avenue de la Ligue arabe, siège du ministère des Affaires étrangères, je ne sais vraiment pas si la diplomatie tunisienne peut tirer quelque chose de l’organisation chez elle, fin mars, de la trentième édition du prochain Sommet arabe.
Qu’en même temps, elle se remue déjà pour bien accueillir en 2020 le prochain Sommet de la Francophonie qui coïncidera avec la commémoration du 50ème anniversaire de la création de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) dont feu le président Bourguiba était l’un des pères fondateurs avec le Sénégalais Léopold Sedar Senghor et le Nigérien Hamani Diori.
Cela participe incontestablement de la mise en valeur d’une Tunisie tolérante et ouverte, et où la culture du double « Je » occupe une place de choix. Bien sûr les frileux et les rétifs à toute ouverture crient déjà à la trahison de « loughet eddhad ».
Acculturation, déculturation, peu importe le concept quand il s’agit de diaboliser l’autre et sa langue ; sauf que les esprits bornés ne peuvent réaliser les dividendes que le pays peut engranger de l’accueil d’un tel rendez-vous international.
Mais d’un énième sommet arabe, je dirais plutôt « rien à cirer, rien à tirer », et ce n’est ni de l’exagération, ni du scepticisme. On me rétorquera que c’est la magie de cet inutile qui, soudain, devient utile.
Je trouve que c’est trop court. On annonce une participation record et de très haut niveau. La belle affaire. On dira qu’ils sont venus, qu’ils étaient tous là pour faire des envolées lyriques sur la Umma arabe, sur ses malheurs et l’absolue nécessité d’y mettre fin, sur ses aspirations et sur le comment les réaliser.
Donnez-moi un seul exemple où les Arabes se sont réunis d’urgence en conclave pour débattre de hal al oumma et ont accouché de quelque chose de conséquent et de salutaire !
Crise réelle ou larvée, les dirigeants arabes ont toujours été les champions incontestés de la mauvaise foi quand il s’agit de trouver des sorties honorables…
On baissera le rideau à coups de recommandations vaseuses, et on fera le vœu, jamais exaucé jusque-là, de reconquérir Al-Qods et d’aider les frères palestiniens à recouvrer leurs droits inaliénables…
Et pour ne rien gâcher, on annonce en plus que le sommet sera festif ! Normal que le sort de la Libye, de la Syrie, de l’Irak ou encore du Yémen ne se jouera pas à Tunis.