L’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) a organisé, en partenariat avec l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF), un colloque qui porte sur la « Bonne gouvernance et lutte contre la corruption dans le secteur financier tunisien », aujourd’hui, 26 mars, à Tunis.
Intervenant à l’ouverture des travaux, Chawki Tabib a affirmé qu’environ 60 à 70% des problèmes de la Tunisie sont dus à la corruption, d’où l’urgence d’agir contre ce fléau. Il a affirmé que le secteur financier et bancaire tunisien constitue une fierté pour la Tunisie. Chawki Tabib a, par ailleurs, rappelé que le secteur bancaire et financier a contribué à la fondation de la Tunisie post-indépendance et au financement de l’économie d’où l’importance de le protéger de la corruption et des malversations. Ainsi, il a fait savoir que l’Instance a signé des accords-cadres avec plusieurs organismes financiers et bancaires, entre autres, l’APTBEF, la Douane et le ministère des Finances.
Il n’en demeure pas moins, estime le président de l’Instance, que le secteur bancaire et financier se doit de s’aligner aux exigences de la mondialisation et des normes internationales afin qu’il puisse lutter contre la corruption et le blanchiment d’argent.
La bonne gouvernance pour plus de solidité financière et de rentabilité
De son côté le ministre des Finances, Mohamed Ridha Chalghoum, a affirmé que la bonne gouvernance permet aux institutions financières d’avoir plus de solidité financière, plus de rentabilité et une bonne réputation auprès des citoyens et des marchés internationaux et pour plus d’attractivité pour les investisseurs et les clients.« On aimerait bien que chaque institution financière agisse de la sorte », précise-t-il.
Par ailleurs, le ministre a affirmé qu’il n’existe aucune pression sur les investisseurs qu’ils soient étrangers ou tunisiens. Il a affirmé que les investisseurs bénéficient de plusieurs facilitation administrative afin qu’ils puissent avancer dans leurs investissements. Les différents organismes de contrôle font leur travail en toute discrétion. « Les organismes de contrôle ne s’affichent pas souvent sur les médias », fait-il remarquer. Le ministre a indiqué, entre autres, que les banques ont aussi un rôle à assumer à travers les services de l’audit interne. « Toutes ces procédures vont nous permettre de sortir de la liste noire du GAFI », affirme-t-il. Il a fait savoir qu’il ne s’agit pas d’un travail provisoire mais c’est un travail à long terme à plusieurs niveaux : formation des cadres et arsenal juridique.
Ahmed El Karm, président de l’Association professionnelle tunisienne des banques et établissements financiers (APTBEF), est revenu, quant à lui, lors de son intervention sur les moyens de lutter contre la corruption dans le secteur bancaire et financier. Pour lui, il faut éviter que l’activité normale des banques soit dévoyée. Tout en reconnaissant l’existence d’un arsenal juridique, il a plaidé pour une meilleure application des lois, une meilleure séparation entre les directions des banques. Par ailleurs, le président de l’APTBEF a affirmé que la digitalisation est aussi un moyen pour la lutte contre la corruption au sein des banques. Cette méthode permet une bonne traçabilité.
Cependant, il a indiqué qu’un certain nombre de banques ne sont pas digitalisées. Il a affirmé, par ailleurs, qu’une banque ne doit pas donner de crédit sans vérification et sans garantie. Ainsi, il a mis en garde contre l’octroi de crédits mal ciblés. Cela représente un risque pour les banques d’après lui.