La place des femmes dans le monde du travail n’a pas beaucoup progressé. Ce manque de progression persiste malgré l’amélioration du taux d’accès à l’éducation affirme la sociologue et féministe Dorra Mahfoudh qui point du doigt les inégalités.
Ainsi d’après l’intervenante les inégalités se sont déplacées du monde de l’éducation au monde du travail pour les femmes tunisiennes. Par ailleurs, elle a indiqué que l’inégalité touchent même les femmes élites. A cet égard, elle a fait savoir que dans un certain nombre de spécialités médicales, les femmes sont totalement absentes. Ainsi, elle ne manque pas d’étayer ses arguments lors d’une séminaire intitulé » Femmes et réalité de l’égalité », organisé par le FTDES.
Par ailleurs, malgré la présence importante des femmes dans les Conseils municipaux, elles n’occupent pas les postes de décision. Depuis 1990, les emplois sont devenus de plus en plus précaires , les femmes sont poussées vers les postes avec contrat à durée déterminée (CDD). Pour ces postes les droits sociaux ne sont pas respectés et ils sont caractérisés par une instabilité.
D’après une étude qui date des années 2000, pour 900 mille jeunes âgés de 15 à 29 ans 43% n’ont pas de contrat de travail . Par ailleurs une étude de l’UGTT sur la femme tunisienne dans l’économie informelle affirme que 306 mille femmes y exercent.
Quand les inégalités s’emparent du monde de travail et excluent les femmes
Pour Dorra Mahdoudh, la situation après la révolution ne s’est pas améliorée bien au contraire. En effet, le pourcentage des femmes dans la fonction publique atteint 48%. Mais uniquement 2% des femmes occupent le poste de directeur général / central.
L’identité des femmes tunisiennes passaient traditionnellement par le mariage ou par la maternité. Par ailleurs depuis quatre décennies l’identité de la femme passe par le travail. Ainsi c’est tout un changement de cap. A partir de cette nouvelle donne, les femmes tunisiennes se définissent par rapport à leur travail.
Cette autonomie économique et donc cette indépendance permet aux femmes de se réaliser étant donné que plusieurs potentialités ne se réalisent qu’à travers le travail. A cela s‘ajoute que le travail est une forme de socialisation et ouverture sur le monde. C’est aussi une reconnaissance au nouveau rôle de la femme dans la famille, dans la société et dans l’économie. Pour toutes ces raisons, la lutte des femmes en Tunisie ont commencé par le droit au travail. La lutte a commencé avec les revendications de Taher Haddad jusqu’à celles de l’UGTT.