Avec la publication des chiffres trimestriels de la BIAT hier soir, nous disposons de toutes les données sur l’activité du secteur bancaire coté à la Place de Tunis.
L’effet taux
La marge d’intérêt a continué sa hausse vertigineuse en affichant une hausse de 33,9% en rythme annuel, à 607,766 millions de dinars. À titre de rappel, au premier trimestre 2016, ce chiffre était de 356,917 millions de dinars. Les hausses successives du taux directeur ont clairement permis aux banques de doper leurs rémunérations.
Mais en parallèle, le manque de la liquidité a pesé sur les revenus des portefeuilles d’investissement. Ces derniers n’ont progressé que de 4,2% à 294,556 millions de dinars. Six banques ont même enregistré des baisses en dépit de la hausse des taux. Cela est expliqué par l’indisponibilité de ressources suffisantes pour être placées et investies. L’exploitation rafle tout. Malheureusement, nous ne disposons pas d’information sur l’actif moyen placé par l’industrie bancaire, mais nous sommes certains qu’il a reculé significativement durant les trois premiers mois de l’année.
Globalement, le PNB du secteur s’est inscrit sur une tendance haussière avec une amélioration de 19,6% à 1,146 milliards de dinars. C’est le rythme de croissance trimestriel le plus important depuis le deuxième trimestre 2018, bien évidemment grâce à une excellente marge d’intérêt. Cette dernière représente désormais 53% du PNB des banques. Il faut remonter au premier trimestre 2016 pour retrouver un tel niveau. En même temps, nous avons observé une régression de la contribution des revenus des portefeuilles d’investissement au PNB à 25,7% seulement contre 29,5% une année auparavant.
L’exploitation coûte plus cher
En ce qui concerne les charges opératoires, elles ont nettement progressé de 11,2% à 524,152 millions de dinars. C’est un rythme logique qui traduit les efforts fournis pour augmenter les revenus dans un environnement concurrentiel et l’impact des augmentations salariales de 2018. Les frais de personnel ont augmenté de 7,8% à 340,765 millions de dinars, soit 65% des charges opératoires du secteur. A noter que la BIAT reste le seul établissement à pouvoir afficher une baisse de ses frais de personnel au cours du premier trimestre, ce qui constitue une rare performance dans le secteur.
Moins de crédits à l’économie
Mais en parallèle, la collecte des dépôts est décevante. Durant le premier trimestre, ils n’ont augmenté que de 1,058 milliards de dinars, largement grâce à trois banques : Attijari Bank, la BH et l’UBCI qui représentent ensemble plus de 78% de cette collecte.
Cela s’est répercuté sur l’activité d’octroi de crédits. Sur les trois premiers mois, l’encours des crédits a baissé de 0,25% par rapport au 31/12/2018, soit plus de 150 millions de dinars. C’est l’effet du tour de vis réglementaire de la BCT avec son ratio Crédits/Dépôts.
Il est encore tôt pour juger l’année des banques. Il est clair que le PNB du secteur va continuer son ascension, mais il faut attendre le coût du risque pour apprécier les bénéfices. Nous sommes toujours convaincus que la qualité de l’actif bancaire est en train de se dégrader et le mouvement naturel serait de voir des coûts de risque en hausse. D’ailleurs, cela explique la faible réaction du marché par rapport à ces chiffres.
Par Bassem Ennaifer, Consultant en Analyse Économique & Financière