La HAICA vient de procéder à la saisie des équipements de la chaîne privée Nessma TV et met fin à la diffusion de la chaîne.
Ainsi, les forces de l’ordre se sont rendues sur place aujourd’hui afin d’appliquer une décision de la HAICA datant du 5 octobre 2018.
Noureddine Lajmi, président de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), a indiqué, dans une déclaration radiophonique : « La chaîne a été informée de cette décision, sans avoir pour autant régulariser sa situation à ce jour ».
Il poursuit : « La HAICA ne fait qu’appliquer la loi. Et il n’y a aucune intervention de la part du gouvernement. »
Evoquant la chaîne Zitouna, le président de la HAICA annonce publiquement que la chaîne a un soutien politique.
Que faut-il comprendre de cette décision ?
Joint par téléphone, Leith Ben Becher, membre fondateur de Qadiroun, a souligné : » Tout le monde savait que Nessma avait un problème de non conformité vis-à-vis du cahier des charges mis en place en 2014 sur la base du décret-loi 116. Donc d’un point de vue strictement légal, la décision de la Haica est justifiée. »
Il ajoute: « la responsabilité du traitement inégal entre Nessma et Zitouna incombe essentiellement à l’exécutif qui a l’évidence n’a pas voulu mettre à la disposition de la Haica la force publique pour faire appliquer la décision de fermeture de chaîne. C’est le sens de la déclaration de Nourredine Lejmi ».
Et de poursuivre: « Nous n’avons donc aucun intérêt à fustiger la Haica ce qui nous ferait passer pour des hors la loi par ricochet, mais plutôt à pointer du doigt la partialité criante du gouvernement qui se faisant couvre ses alliés et s’abat sur ses détracteurs et potentiels concurrents ».
En attendant, le patron de Nessma TV, Nabil Karoui, qui entend se lancer en politique, pèse lourdement sur la campagne électorale. Grâce à son association caritative « Khalil Tounes » dont la notoriété lui permet de ratisser large surtout parmi les couches défavorisées, cette décision n’est ni plus ni moins qu’un cadeau politique.
De son côté, Wasfi Bsila, responsable communication des médias à l’Institut arabe des droits de l’Homme, il souligne : « A mon avis, il s’agit d’un message à quiconque viole le système. Tout le monde sait que Nabil Karoui est accoutumé à ces dépassements, mais saisir les équipements n’est pas la bonne solution. Il y a d’autres moyens légaux », affirme-t-il.