La Tunisie a certes des atouts en matière de Fintech, mais les freins sont multiples pour être au diapason des tendances internationales.
Savez-vous qu’elle est la plus grande banque au monde ? Réponse : la plus grande banque au monde est une banque chinoise. Elle compte six millions de clients. Et elle est une néo-banque. Comprenez une banque en ligne ou encore digitale qui n’a pas d’agences. Mais qui peut être jointe par internet.
Jeudi 25 avril 2019, Ahmed El Karm, président de l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) en a sans doute convaincu plus d’un. Et ce, lors de son intervention à la rencontre sur les banques en ligne. Elle avait pour pour thème : « Néo-banque, enjeux et pratiques ».
Néo-banque : enjeux et pratiques
Et le Directeur de l’Amen Bank de multiplier les arguments concernant les avantages de la néo-banque : rapidité, instantanéité et même contribution à l’inclusion financière…
Sur ce dernier aspect, le président de l’APTBEF ne manquera pas d’insister sur la nécessité d’être « au diapason des tendances internationales. Et ce, en ouvrant la porte à l’innovation et en adaptant les textes réglementaires aux exigences de nouveaux modèles basés sur la digitalisation et la mobilité ».
Puis, c’est au tour de Moncef Boussannouga Zammouri, président de KPMG Tunisie, l’antenne locale d’un des quatre plus grands cabinets financiers au monde, d’abonder dans le même sens. Mettant en exergue le fait que les « néo-banques sont l’illustration parfaite de l’évolution mondiale du système bancaire d’aujourd’hui et son adaptation aux nouvelles tendances ».
Comme il insiste sur le fait que la Tunisie est capable de relever le défi de la néo-banque et que le consommateur peut faciliter s’adapter aux nouveaux produits bancaires nés de la digitalisation. Il soutient que le pays est visité par huit à neuf millions de touristes chaque année. Comme il compte une pépinière de consommateurs que sont les Tunisiens à l’étranger, au nombre d’un million.
Ouvrir un compte en cinq minutes !
Le pays s’y prépare affirme du reste Nadia Gamha, vice-gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT). Elle indique que son institution a notamment lancé, depuis janvier 2019, un Comité Fintech (Technologie Financière). La BCT organise aussi des rencontres pour approfondir la réflexion sur la néo-banque et sortir avec un plan d’action.
Par ailleurs, elle assure que les banques ordinaires ne doivent pas craindre la néo-banque. Car celles-ci peuvent s’engager dans une logique gagnant-gagnant avec la néo-banque. Il ne s’agit en aucun cas de vivre une rupture, mais un enrichissement de l’activité bancaire.
De plus, les deux panels organisés à l’occasion ont permis le constat que la néo-banque n’a pas connu en Tunisie l’éclosion nécessaire. Et même si une vingtaine de banques sont, aux dires de Nizar Chaddad, coordinateur du Comité de la Fintech à la BCT, intéressées par la banque digitale, aucune néo-banque n’existe dans le pays. Outre la législation, qu’il faut revoir et corriger, des freins existent. Comme la sécurisation des procédures, l’infrastructure, la pléthore de banques, etc.
Autant dire que nous sommes bien loin de l’exemple français, présenté par Emmanuel Papdacci, de KPMG France et Adrien Touati, Directeur général et fondateur de Manager One. Une des banques en ligne compte 1,3 million de clients qui ont ouvert leur compte en cinq minutes. Alors qu’il faut 27 jours d’habitude pour le faire dans une banque ordinaire.