Débat à cœur ouvert entre les jeunes et le chef du gouvernement. Tel est l’objectif de la rencontre à la Cité de la culture de Tunis, entre les jeunes et Youssef Chahed. L’occasion pour les jeunes d’Enactus Tunisia de débattre de certains sujets, comme le chômage, la fuite des cerveaux et la situation actuelle.
Tout d’abord, la CEO d’Enactus Tunisia, Khaoula Khedimy Boussama, a rappelé la lourdeur des procédures administratives. Elle déclare que l’investissement en Tunisie, la création d’entreprises et d’emplois pour les jeunes, nécessitent au moins un mois et demi pour réunir toute la paperasse. Elle précise : « Dans la pratique, c’est le parcours du combattant. » Et d’ajouter en s’adressant au chef du gouvernement : « Cela fait 10 ans qu’on formate nos jeunes à l’entrepreneuriat, l’ascenseur social et au patriotisme, sans pour autant avoir un siège social. »
Ensuite, s’adressant aux jeunes, le chef du gouvernement, Youssef Chahed a fait savoir que ceux qui innovent peuvent créer beaucoup de choses. Il a encouragé la jeunesse en recommandant de s’accrocher, tout en soulignant la difficile situation socio-économique actuelle.
Puis, il a mis l’accent sur l’implication des jeunes dans la ré-instauration de la culture du travail. Pour Youssef Chahed, face au marché de l’emploi, les jeunes doivent créer leur propre emploi.
« Il ne faut pas douter des capacités des jeunes. Tout en ajoutant qu’il y a à l’heure actuelle un conflit générationnel dans la classe politique que le gouvernement subit. »
Il a rappelé que le monde d’aujourd’hui évolue à grande vitesse et que les emplois de demain sont amenés à disparaître, alors que d’autres apparaîtront.
Youssef Chahed : il faut créer son propre emploi
« Le secteur public n’est plus favorable. La solution, selon lui, est de créer son propre emploi. C’est la seule solution qui nécessite de la flexibilité », indique-t-il.
Concernant le départ des diplômés à l’étranger, Youssef Chahed pense qu’il s’agit d’une bonne expérience. Il a cité sa propre expérience de départ de son pays pour finir ses études et de retour pour former les prochaines générations. Il conclut : « Il faut tout de même rester prudent sur certaines spécialités qu’il est important de pérenniser.«
Rencontrée en marge de l’événement, Sarra Ben Hssouna une jeune étudiante AVC Private Businness School est revenue sur le conflit générationnel. « Le conflit des générations existe et on le rencontre tous les jours quand on a à faire à l’administration tunisienne. A mon avis, il y a d’autres problèmes, quand on voit que les jeunes n’ont plus d’autres choix que de partir pour avoir des opportunités de travail. Le problème n’est pas lié au chômage, mais aux conditions de vie en Tunisie qui n’attirent plus les jeunes. La question qu’on devrait se poser est : pourquoi l’environnement n’est plus favorable? J’aurais aimé ne plus voir d’instrumentalisation politique à travers ce débat. Il ne suffit pas de discuter, il faut des actions concrètes. J’aurais aimé voir un débat spontané et non un tirage au sort sur des questions connues d’avance. »
Enfin, elle ajoute : « Les jeunes ont du potentiel, mais ils sont laissé pour compte. Et on ressent de plus en plus un fossé qui se creuse entre les jeunes de la capitale et ceux des régions qui n’ont pas les mêmes opportunités. »