Si tu ne peux pas vaincre ton ennemi, couvre-le d’honneurs pour t’en faire un ami. L’attribution par l’université de Kairouan, du titre de docteur honoris causa au Roi Salmane Ibn Abdelaziz Al Saoud, à l’occasion de la visite d’Etat que ce dernier a effectuée dans notre pays, en marge de sa participation au dernier sommet arabe de Tunis, m’a ramené à ce vieux dicton, même si comparaison n’est pas toujours raison.
Alors, généreux notre ami le Roi pour que l’on soit obligé de lui décerner un titre qui n’ajoute rien à sa Majesté et que la démarche distinctive est vielle comme le temps ? Et comment !
Des contrats, des conventions et des dons à gogo touchant nombre de secteurs dont celui sinistré de la STIR entres autres. Même les villes et villages inondés par la manne céleste, vont pouvoir profiter de la manne du Fonds de développement saoudien, et tant pis si encore une fois la solidarité interarabe, surtout quand elle est golfique, affiche son prix…
J’habite chez mes amis, l’ancien président Ben Ali ne remerciera jamais assez le royaume et ses bienfaiteurs ; sinon à quoi servirait al karam al arabi?
Depuis la fameuse convocation à Riyadh de l’ancien chef de gouvernement, l’islamiste Hamadi Jebali tout de suite après son intronisation à la Kasbah, on ne parle plus des sujets qui fâchent, et on reste entre achiqqas, même si on sait qu’au royaume des Al Saouad, on n’a jamais porté en odeur de sainteté Jamaat Al Ikhwans.
Alors depuis, Tunis fait comme si le problème n’existait pas, même si au passage, le panislamisme à la sauce wahabite continue de mettre en danger le socle social nourri à l’école malékite.
Panislamisme, panarabisme, on comprend pourquoi Bourguiba se méfiait des porteurs de ce genre de doctrines comme on se méfie de la peste… quand tutelle religieuse et tutelle financière font chambre commune…qui détient Istanbul, détient le pays, la déculottée à Istanbul et Ankara de l’AKP de Recep Tayyip Erdogan devrait donner à réfléchir non seulement à Erdogan lui-même, mais également à tous ses protégés à commencer par Ennahdha.
Mais pas seulement, tous ceux qui dans le sérail politique se disent laïcs et modernistes sont eux aussi concernés. Et comme pour la confrérie, un malheur ne vient jamais seul, voilà qu’à Khartoum, on vient de signifier au général Omar Al Béchir que la partie est finie.
Sale temps pour Rached Ghannouchi, alors qu’en Algérie, c’est la rue qui demande depuis des semaines, et avec insistance, le départ de l’ancien système.
En Tunisie, on vérifie chaque jour combien il est difficile de changer de système ; et le premier à le constater, c’est bien notre ami le cheikh…