Bien sûr, nous ne sommes pas dans la configuration telle qu’imaginée par Gabriel Garcia Marquez dans son livre éponyme ; le président de la République n’a rien du dictateur inculte amené au pouvoir par des gringos tous aussi incultes.
Et la Tunisie n’est pas ce pays des Caraïbes sorti tout droit de l’imagination de l’auteur de Cent ans de solitude, même si l’autre jour à Monastir, lors du coup d’envoi des travaux du congrès constitutif de Nida Tounès, on a senti chez le président Essebsi de la fatigue et un début de solitude amère, même si l’esprit est toujours alerte.
Et beaucoup de regrets pour un président qui est entré dans l’histoire pour avoir été élu le plus démocratiquement du monde, mais qui en revanche n’est pas certain de pouvoir sortir par la grande porte. Il y a de ces moments d’égarement qui coûtent chers…
Carthage attend déjà son prochain locataire alors que le pays ne cesse de donner des signes alarmants de déclin. Alors quand un optimiste bien sous tous rapports se lève pour nous dire qu’il y croit toujours en cette Tunisie à la dérive, on aimerait partager avec lui sa foi et son enthousiasme ; lui, c’est
Mustapha Kamel Nabli ancien gouverneur de la Banque centrale, et candidat malheureux à la présidentielle de 2019 ; et des contagions pareilles, on en redemande, surtout quand l’objet de toutes les attentions s’appelle « J’y crois toujours », un essai dans lequel très vite, beaucoup y ont vu une forme d’avant-programme électoral.
M.Nabli s’en est défendu pour ne pas donner l’impression d’être un revenant en quête de lauriers, mais on le sait, le pouvoir attire comme l’aimant, et tant mieux si c’est pour la bonne cause… un Jugurtha qui a réussi.
Le 6 avril dernier, à Monastir et dans le reste du pays, on s’est rappelé au souvenir de l’immense Bourguiba disparu il y a dix-neuf ans ; le Bourguiba des lumières dont tout le monde se réclame ; Bourguiba l’absent, mais tellement présent…
Ah, ce cher MKN à qui tout le monde en ce moment tresse des couronnes !! C’est ce même homme qui, alors qu’il était à la tête de la BCT, a bloqué tous les projets, absolument tous, de ceux qui vouaient investir rapidement après le départ de Ben Ali pour faire avancer le pays. Bref, il a été la première pierre de la contre-révolution.
Sans compter qu’il est le beau-frère de K. Eltaïef avec lequel il communiquait au moins 3 ou 4 fois par jour en 2011, sans doute pas seulement pour évoquer le menu du dîner ou le programme de la prochaine réunion de famille…
Bref, vouloir mettre à la tête de l’Etat un tel personnage, c’est installer les mafieux au pouvoir. C’est le rêve des mafieux italiens enfin réalisé !