En marge du premier panel du 21ème Forum de l’Economiste Maghrébin, intitulé : « Un multilatéralisme commercial menacé », Pascal Lamy, ancien DG de l’OMC, est revenu sur le libre-échange et les obstacles de l’ouverture des échanges internationaux.
De prime abord, plusieurs interrogations ont été posées. A savoir : faut -il réguler le libre-échange ? Quel serait le juste équilibre? Est-ce que l’ouverture des frontières à tous les produits et services doit être sélective pour certains blocs géographiques? Faut-il faire des exceptions pour certains produits et services? Est-il indispensable de réguler la libre circulation des produits agricoles? L’insertion de la Tunisie dans les échanges internationaux doit-elle obéir à un modèle différent de celui qui a été utilisé dans l’ancienne donne?
En réponse, M. Lamy a affirmé qu’il n’y a pas une vieille donne de commerce internationale. Parce qu’elle a été marquée par la globalisation, l’intensification des échanges, des avantages comparatifs. Et ce, au fur et à mesure que les systèmes de production de biens et services se répartissaient, et se multi-localisaient en fonction d’une segmentation de production.
Et de préciser que cette période n’est pas derrière nous. Elle reste plutôt devant nous pour des raisons nationales plutôt qu’internationales. Car très peu de pays occidentaux ont réussi à ajuster leur système de protection sociale à la nouvelle donne de la globalisation qui est beaucoup plus âpre que la précédente. C’est un jeu gagnant-perdant des échanges internationaux.
Ce qui fait que les pays occidentaux n’ont pas, selon ses dires, correctement fait évoluer leurs systèmes de protection sociale, d’éducation, de formation. Tout en entraînant un certains nombre de conséquences.
Parmi ces conséquences, Pascal Lamy a indiqué qu’il y a plus d’effets positifs que négatifs parce qu’il ne croit pas qu’une ancienne donne, qui était globale et multilatérale, puisse se transformer en une nouvelle donne nationaliste et bilatérale.
De ce fait, le responsable a fait savoir qu’il ne parle jamais de libre-échange, parce que, selon ses propos, il ne s’agit que d’une théorie, un concept et une formule qui n’a rien à voir avec la réalité. Car les échanges ne sont jamais libres. Ils sont plus ou moins ouverts ou fermés.
L’ouverture des échanges favorise la croissance
En réponse aux interrogations suivantes : L’ouverture des échanges est-elle dans la bonne direction ? Est-ce que cette ouverture a les mêmes avantages pour tous les secteurs ?, M. Lamy a estimé que cette ouverture permet de l’efficacité, et par conséquent de la croissance.
En ce qui concerne les avantages, il a souligné que le secteur de l’agriculture est trois fois plus subventionné que l’industrie et les services. Et ce, du fait que le jeu de la division internationale du travail en matière agricole n’obéit pas aux mêmes lois que les autres secteurs.
A cet égard, il a cité à titre d’exemple que le facteur principal de production dans le secteur agricole, qui est la terre, n’est pas mobile. Dans l’industrie et les services, les systèmes de production sont mobiles.
Il y a, certes, des avantages comparatifs entre ces secteurs. Mais il n’y a pas un impératif de libre-échanges.
Au final, Pascal Lamy est revenu sur les obstacles à l’ouverture des échanges internationaux. Il a précisé qu’aujourd’hui, il n’y a presque plus d’obstacles au niveau de la protection du producteur national de la concurrence étrangère.
Mais, les vrais obstacles aux échanges sont aujourd’hui des obstacles qui résultent de la différence des systèmes de régulation et de la protection des consommateurs et des citoyens.