Le chiffre est éloquent, en même temps qu’il est effrayant. Il remplace tous les mots, et à lui seul, il résume l’échec avec un E majuscule.
Depuis ce jour béni ou maudit diront certains, où Ben Ali a pris l’avion pour Riyad. « Ben Ali hrab » est toujours dans les esprits, avec une certaine nostalgie…
L’autre jour sur un plateau télé, son avocat Ben Salha a fait applaudir l’ancien président par un public en majorité jeune… 5% de la population tunisienne vivraient au-dessous du seuil de pauvreté ; sadaka jariyah ya mouhsinin… allez parler aux pauvres parmi les pauvres, au ventre creux, de liberté, ils vous diront qu’ils l’échangeraient volontiers contre un morceau de viande, une cuisse de poulet ou une poitrine de dinde.
« Dawlet al Awbech » (ou l’Etat des salopards). S’il avait encore vécu, le professeur Al Oued, disparu il n’y a pas si longtemps, aurait certainement écrit un second ouvrage de la même trempe que le premier et qu’il aurait sans doute intitulé : « Dawlet Al Barbecha». Il n’en a pas eu le temps.
« Dawlet Al Barbecha », l’Etat des gueux si on peut l’exprimer ainsi et les barbacha, vous l’aurez compris, sont ceux qui vont fouiller dans les déchets de leurs propres concitoyens pour survivre.
Quand ce n’est pas un misérable kilo de viande qui vous jette en prison, et qui plus est, pour nourrir une progéniture qui n’a jamais mangé à sa faim. Une véritable honte nationale.
Il n’y a que la Tunisie pour juger et mettre sous les verrous quelqu’un pour un tel délit, alors que les vrais voleurs sont ceux qui courent toujours. Alors, quand j’entends M.Chahed se fendre en autocongratulations pour des faits qu’il n’a pas accomplis, il y a de quoi être hilares.
Et il n’y a pas que ces 5% de la population qui sont dans le bas d’en bas qui effraient, tous les chiffres sont effrayants. Je trouve même à la limite insolent que le chef du gouvernement en arrive à promettre que durant le mois de Ramadan les prix vont baisser. Et le reste de l’année, qu’en fait-il ? Il est vrai que quand un Etat fait le jeu des voleurs et des pillards, il perd toute légitimité. Tahya Tounes a balancé le locataire de la Kasbah à l’issue de son speech aux Tunisiens.
On peut être sûr qu’il en fera de même à chaque intervention cathodique, ses fidèles lieutenants, anciens et nouveaux, se chargeant de faire le reste. Le temps des karakouz, vraiment. Et à manège, manège et demi.
Que la Tunisie progresse de vingt-cinq places dans le rapport 2019 de Reporters Sans Frontières(RSF), sur la liberté de la presse dans le monde loin devant tous les pays arabes et africains réunis, cela n’a ému personne, tellement cette liberté semble couler de source, alors que ce n’est pas du tout évident. En tout cas, c’est bien un signe que tout n’est pas pourri au « Royaume » de Tunisie…