Aujourd’hui, le monde change à grande vitesse et le choix des votes également. D’ailleurs la montée des idées “hors système”, du populisme et des droites extrêmes n’est pas fortuite. Partout ailleurs, les hors systèmes triomphent. Tel le cas de l’humoriste ukrainien élu récemment président.
Qu’en sera-t-il en Tunisie ? Est-ce que cette nouvelle vague qui a déferlé sur le monde prônant l’antisystème risque de se propager en Tunisie ? Autrement dit, les Tunisiens se positionnent-ils contre le « système » ?
Dans son analyse, Ahlem Hachicha Chaker, directrice exécutive de l’IPP de Machrou3 Tounes, précise que « le vote est avant tout l’expression d’un choix, de l’adhésion à une personne, une idée, une vision. Or, le sentiment général actuel au sein de l’électorat est justement celui de la désaffection à cause de l’absence de reconnaissance dans le système actuel, généré par les élections 2014 ».
Ahlem Hachicha Chaker : l’élaboration d’une offre politique pour 2019
Et d’ajouter : « Cette désaffection est légitime et doit être le premier facteur à prendre en compte pour l’élaboration d’une offre politique pour 2019. L’électeur potentiel menace aujourd’hui d’exprimer cette désaffection par un vote antisystème massif, dont les prémices ont été ressentis à l’occasion des élections municipales. »
En d’autres termes, le danger qui se profile est que le vote antisystème se traduise en vote en faveur des mouvements populistes qui surfent sur les difficultés, voire les échecs, accumulés, pour « vendre » le mythe d’une alternative radicale.
Elle ajoute : « Il est malheureux de voir certains se gargariser de ce risque, oubliant ou feignant d’oublier que ces mouvements ne sont en aucun cas une solution à la situation actuelle, ils n’en sont que la dérive ».
De son côté, Abdelaziz Belkhouja a souligné sur son post que les Tunisiens se positionnent en masse contre le « système », c’est à dire contre ceux qui gouvernent aujourd’hui et leurs soutiens.
Selon lui, de puissantes niches électorales sont en train d’être formées, à l’instar de celle d’ Abir Moussi, « 3ich Tounsi » et Nabil Karoui qui sont en train de fidéliser les masses.
Quant à la position de la gauche, M. Belkhouja estime qu’elle reste faible et divisée. Il conclut : « Ses initiatives sont floues, ses personnalités, pourtant nombreuses, n’émergent pas, c’est la grande faillite politique de la Tunisie contemporaine. »