Le journal israélien Israël Hayom, propriété du milliardaire juif américain Sheldon Adelson, a publié des détails sur l’ « accord du siècle » que Trump et son gendre s’apprêtent à rendre public en juin prochain. Certains journaux américains s’en sont fait l’écho, écornant ainsi le mystère qui a enveloppé ces derniers mois cette énième tentative américaine de « régler » le conflit israélo-palestinien.
Il convient de rappeler ici que Jimmy Carter, Bill Clinton et George Bush fils ont tenté chacun à sa manière de régler le problème, en vain. Le nouveau plan, qui est déjà présenté comme le «deal du siècle», aurait été conçu et mis au point par un groupe de Juifs orthodoxes travaillant pour le conseiller principal et gendre du président, Jared Kushner, ainsi que son représentant pour les négociations internationales, Jason Greenblatt , et l’ambassadeur des États-Unis en Israël, David Friedman.
D’après Philip Giraldi, ancien officier à la CIA reconverti au journalisme, le groupe en question ne compte ni Arabes ni Musulmans ni Chrétiens, mais il aurait eu tout de même de nombreux entretiens avec les dirigeants de Jordanie, d’Égypte, d’Arabie saoudite, des Émirats… Bien entendu, les Palestiniens, les premiers concernés, leur avis ne compte pas et personne ne le leur a demandé d’ailleurs. Aucun détail, si minime soit-il, ne pourra être inclus dans le « deal du siècle » s’il n’a pas l’agrément d’Israël.
Il va sans dire que tous les membres de l’équipe qui travaillent pour Kushner sont de fervents défenseurs des colonies israéliennes, illégales au regard du droit international. Trump se prépare donc à nous annoncer son « accord du siècle », bien que, on n’a pas besoin de preuve pour s’en convaincre, il ne sache pas grand-chose de l’histoire tumultueuse et centenaire du conflit en Palestine ni de la complexité inextricable de ses tenants et aboutissants.
Le beurre et l’argent du beurre…
On nous expliquera sans doute que les deux parties en conflit devront faire des concessions, mais, comme d’habitude, ce sont les Palestiniens qui seront tenus de faire toutes les concessions et Israël, bride sur le cou, continuera le plus impunément du monde à traîner dans la boue le droit international et à réclamer haut et fort son droit au beurre, à l’argent du beurre et au c…de la crémière.
Selon Philip Giraldi, les parties qui devraient signer le document du siècle seraient Israël, le Hamas et l’Autorité palestinienne, les États-Unis jouant le rôle de garant de l’accord.
La surprise que nous prépare Trump et son gendre serait un État palestinien appelé «Nouvelle Palestine». Le nouveau-né comprendrait la bande de Gaza et les parties de la Cisjordanie sans colonies israéliennes. On a même prévu un aéroport pour la « Nouvelle Palestine » qui serait construit sur un terrain situé quelque part dans le Sinaï égyptien grâce à un accord de location en bonne et due forme entre Le Caire et …on ne connaît pas encore le nom de la capitale du nouveau-né. Celui-ci aurait également droit à un port maritime à Gaza. La Cisjordanie (ou ce qu’il en reste) et Gaza seraient reliées par une route passant par Israël et contrôlée par lui.
Trump et son gendre ne semblent pas douter un instant que les Palestiniens accepteraient l’accord pour les « immenses avantages économiques » qu’il comporte. Dans un accès de générosité remarquable, les architectes du projet du siècle ont prévu une aide financière de 30 milliards de dollars sur les cinq premières années (soit l’équivalent du budget de trois semaines de l’armée américaine) qui serait déboursée par les contribuables des États-Unis, de l’Union européenne, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, toujours selon Philip Giraldi qui se réfère à ‘Israël Hayom’
Côté sécurité, la « Nouvelle Palestine » aura une police pour réprimer les fauteurs de troubles potentiels, mais pas de forces armées. Israël contrôlera la vallée du Jourdain mais, bons princes, ses dirigeants accorderont quand même au nouveau-né deux points de passage vers la Jordanie…
Performances trumpiennes
Mais alors si, ingrats, les Palestiniens rejettent cette générosité américaine et cette souplesse israélienne et ne se contentent pas de bâtir leur Etat sur les 12% restants de la Palestine historique ? Eh bien, c’est simple. Place aux sanctions, domaine où l’actuel président américain est passé maître. S’ils ne signent pas, les Palestiniens subiront le même sort infligé actuellement aux peuples du Venezuela et de l’Iran.
Après avoir reconnu Jérusalem « capitale éternelle » d’Israël, annulé l’aide annuelle de 200 millions de dollars aux Palestiniens et réduit à néant le budget de l’UNRWA, fermé le bureau de l’OLP à Washington, donné sa bénédiction à la « souveraineté israélienne » sur les hauteurs du Golan syrien, accepté sereinement la promesse de Netanyahu aux colons d’annexer la Cisjordanie, après toutes ces performances donc, voilà que Trump, sous l’influence de son gendre, juif orthodoxe, du puissant lobby, AIPAC à Washington et du gouvernement extrémiste israélien, se prépare à donner le coup de grâce à la cause palestinienne en proposant une « Nouvelle Palestine » sur 12% du territoire historique !!!
La cause palestinienne, centenaire, ne mourra pas. Elle survivra à Trump et ses successeurs, comme elle a survécu à tous ceux, et ils sont nombreux, qui ont comploté contre elle. La « combine» de Trump et de son gendre ne sera qu’un complot de plus que l’Histoire classera dans ses archives.