La science mène à tous les progrès et à la réalisation d’exploits insoupçonnés. A l’ère de la biologie synthétique, la conception par des humains d’organismes vivants n’est plus un fantasme lointain. C’est devenu bel et bien une réalité.
Des scientifiques du laboratoire de biologie moléculaire du Conseil médical de la Recherche de Cambridge sont parvenus à créer un organisme vivant doté d’un génome entièrement synthétique. En effet, ce génome utilise un code génétique simplifié. Il s’agit d’une version synthétique du génome de l’E Coli, une bactérie intestinale, très commune chez l’être humain et l’ensemble des mammifères.
Une version simplifiée
Les chercheurs ont procédé à la création d’un génome comportant pas moins de 4 millions de bases. Il est semblable à une composition musicale ou un ensemble de notes symbolisant la hauteur et la durée d’un son.
Dans l’ADN les codons (au total 64) sont les notes et les acides aminés (au nombre de 20) sont les sons. Le code génétique universel est ainsi régi par la règle suivante : à un codon correspond un seul et unique acide aminé et à un acide aminé peuvent correspondre plusieurs codons.
Les chercheurs américains ont réduit le nombre de codons à 61, faisant de ce génome synthétique, baptisé Syn61, une version simplifiée du génome naturel de référence.
Tom Ellis, chercheur en biologie synthétique à l’Imperial College London déclare à cet effet : « Ils ont propulsé le domaine de la génomique synthétique à un niveau supérieur, non seulement en construisant avec succès le plus grand génome synthétique à ce jour, mais également en apportant les modifications les plus codantes possibles à un génome. »
Un grand pas
Le génome synthétique a par la suite été introduit fragment par fragment dans la bactérie, jusqu’à remplacer entièrement l’ancien ADN. La nouvelle version de ce génome est parfaitement fonctionnelle et ouvre la voie à un grand nombre de champs d’application.
Les spécialistes estiment que les génomes synthétiques seront utiles à la conception de nouveaux médicaments, pour lutter contre l’antibiorésistance et la médecine régénératrice.
Un grand pas en avant qui suscite d’ores et déjà des interrogations quant aux possibles dérives qui pourraient découler de cette prouesse technologique.