Pour exposer le programme du Groupe d’impulsion économique France-Tunisie, l’ambassadeur de France en Tunisie Olivier Poivre d’Arvor a tenu une conférence de presse, aujourd’hui, 20 mais à Tunis.
Confiant et déterminé à la fois, l’ambassadeur a affirmé que l’idée ne date pas d’hier. Elle date de 2013. Ainsi, il s’agit d’un groupe composé d’experts et de spécialistes venant de plusieurs spécialités. L’objectif principal du groupe n’est autre que la création de partenariat entre les deux rives dans la cadre de l’appui français à la Tunisie. Faut-il rappeler que le président français a promis en 2018 que la France ne manquera pas d’allouer une enveloppe importante pour le développement et l’investissement en Tunisie.
L’ambassadeur ne manque pas de rappeler que la France est « le premier partenaire de la Tunisie sur le plan économique et elle entend, plus que jamais, le rester ». Dans ce contexte, l’ambassadeur rappelle un certain nombre de chiffre lourd de sens.
-La Tunisie a pour premier partenaire commercial la France : les exportations et les importations de biens entre les deux pays représentent 20% des échanges commerciaux de la Tunisie (chiffres 2018).
- La Tunisie a également pour premier client la France : la France est le pays destinataire de près de 30% des exportations commerciales tunisiennes en 2018 (4,5 milliards d’euros sur l’année, un record).
- En termes d’investissements, la France est enfin le principal pourvoyeur d’investissements directs étrangers (IDE) en Tunisie avec 34% des flux d’IDE (hors énergie) orientés vers la Tunisie en 2018. Néanmoins, 1/5ème seulement de ces IDE correspondent à des créations d’entreprises ex nihilo, les 4/5ème restants représentant des extensions de projets déjà existants. Je pense à l’aéronautique, à l’automobile, aux câblages électriques, au textile, etc…Par ailleurs, la France a une place économique singulière aux côtés de la Tunisie d’après lui. Cela se traduit à travers quatre aspects :
-Les relations commerciales entre la Tunisie et la France sont en forte hausse depuis 2017 (+ 4,5%), sont structurellement, et de plus en plus, favorables à la Tunisie. - Les échanges commerciaux entre les deux pays génèrent un excédent commercial bilatéral record pour la Tunisie (1,2 milliard d’euros sur l’année 2018, soit de loin le principal excédent commercial bilatéral de la Tunisie).
- Il s’agit d’un excédent bilatéral structurel pour la Tunisie, et qui progresse chaque année (+25% par rapport à 2017), surtout depuis 2013.
Enfin, dans le cadre d’une diplomatie économique partagée, la France peut proposer à la Tunisie un accès commun à des marchés africains, y compris dans leur dimension maghrébine.
« Nous y réfléchissons avec nos amis du Tunisia-Africa Business Council mais aussi avec des entreprises venues s’installer récemment en Tunisie aux fins de développer leurs actions en Afrique. A ce titre, l’organisation par la Tunisie à l’automne 2020 du Sommet de la Francophonie sera un rendez-vous déterminant… Loin d’être une inféodation à quelque ordre ancien, la langue française constitue une richesse tunisienne et un atout déterminant pour consolider la position économique de la Tunisie aux portes de l’Afrique sub-saharienne. » étaye-t-il.
Revenant sur les relations historique entre les deux pays, il avance que « La Tunisie n’a évidemment à recevoir de leçons et d’aides de personne. Mais il ne faut pas confondre indépendance avec isolement, souveraineté territoriale et patriotisme économique avec repli économique. La relation franco-tunisienne est gagnante-gagnante, celle d’un partenariat étroit »
Il soutient également que la réussite économique de la Tunisie est autant la réussite économique de la France, de ses 1400 entreprises employant 140.000 personnes, de ses 30 000 ressortissants, que des très nombreux partenaires tunisiens de cette présence dynamique. Revenant sur la difficulté économique en Tunisie, il affirme que « La Tunisie connaît aujourd’hui une situation « d’urgence économique » qui pèse sur la qualité de vie et les opportunités des citoyens tunisiens. » surtout que Depuis 2011, la situation économique de la Tunisie est difficile. Cette situation est du au fait que « . Le modèle économique, celui d’une économie administrée, n’a guère évolué depuis les années 60. L’essoufflement date certes d’il y a plus de dix ans mais le secteur productif est désormais frappé de plein fouet, amorçant une désindustrialisation inquiétante ».
Il ne manque pas d’exposer les les urgences en question. « Cette urgence est d’abord celle du quotidien et du pouvoir d’achat. L’urgence insupportable de la cherté de la vie. C’est l’urgence des ménages et des familles les plus modestes pour qui le coût du panier de la ménagère est une violence quotidienne. C’est l’urgence absolue de la jeunesse, notamment diplômée, qui ne parvient pas à sortir d’un chômage de masse et durable. C’est aussi l’urgence des territoires, du développement de ce que l’on appelle les régions de l’intérieur, mais aussi des périphéries des grandes villes. C’est l’urgence d’un Etat affaibli et qui gère désormais dans la douleur, c’est l’urgence d’institutions fragiles, de secteurs sociaux comme l’éducation et la santé où la qualité de service baisse. C’est l’urgence des entreprises publiques, aujourd’hui déficitaires et qui peinent à fournir les services qui permettent aux entreprises comme aux individus de se développer. C’est l’urgence des entreprises privées, d’une pression fiscale très importante et d’un climat d’affaires peu dynamique. C’est bien entendu une urgence que l’économie parallèle, estimée à 50% du PNB, entretient, une urgence sur lesquels la situation régionale actuelle et le populisme en vigueur partout dans le monde pèsent négativement. C’est, pour résumer, l’urgence d’un mal être social des citoyens, d’un sentiment de déclassement économique, d’une performance très amoindrie et d’investissements en panne »
Un certain nombre d’actions ont déjà été engagées : l’AFD a engagé, en 2017 et 2018, plus de 300 millions d’euros (plus d’1milliard de dinars).
Par ailleurs, le groupe a identifié cinq secteurs importants. Pour le secteur touristique, le ministre a affirmé que l’objectif est « un million de visiteurs français en 2019. Il s’agit d’une stratégie partagée très étroitement avec le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, M. René Trabelsi, bien connu pour sa détermination et sa connaissance du marché français. »
Concernant le secteur du transport, l’ambassadeur a affirmé que « L’AFD sera également présente, tout comme de nombreuses entreprises françaises, pour accompagner le projet ambitieux, et indispensable, de métro léger de Sfax. Elle est enfin disposée, si l’Etat tunisien le lui demande, à s’intéresser à la question des infrastructures portuaires et du transport maritime lesquelles, en raison entre autres de leur état, ne répondent pas à la demande économique. Je pense au port en eaux profondes d’Enfidha comme aux extensions des quais de Radès.
Il annonce une nouvelle subvention conséquente d’1,5M€ afin d’appuyer le Ministère du Transport et ses opérateurs à décliner plus efficacement sa politique de transports urbains.
Pour le secteur de la santé, l’ambassadeur a fait savoir que La France, par l’intermédiaire de l’AFD, participe à cet effort que ce soit via le financement des hôpitaux de Gafsa (80 millions d’euros) et de Sidi Bouzid (78 millions d’euros) ou via le programme E-santé qui va participer à la digitalisation des services hospitaliers ( dont ceux de la Rabta) pour un montant de 27,3 millions d’euros.
Au niveau du numérique, il affirme que trois projets vont voir le jours prochainement, il s’agit de :
Le projet Elife, qui bénéficie de notre part d’un appui financier de 3 M€, permettra à de jeunes diplômés chômeurs dans le secteur numérique d’accéder au sein des régions à des formations certifiantes de qualité tournées vers l’emploi. Le premier centre Elife, porté par la fondation Tunisie pour le Développement, ici représentée par son Président, M Badreddine Ouali, sera d’ailleurs inauguré le 3 juillet à Siliana.
- La « Station T », inspirée de la Station F de Xavier Niel, déployée avec les autorités tunisiennes et l’implication attendue de l’ensemble de l’écosystème de l’innovation et de l’entrepreneuriat sera lancée à l’automne et permettra de doter la Tunisie d’une école du numérique et d’un incubateur répondant l’un et l’autre à l’enjeu d’employabilité des jeunes diplômés issus pour partie de zones défavorisées de Tunisie.
- Ensuite, dès la rentrée, l’AFD appuiera un grand projet de formation de l’ANETI centré sur les softs skills, le renforcement de l’estime de soi et les techniques de recherche d’emploi pour 20 000 chômeurs, dans les zones intérieures, les quartiers populaires, avec priorité marquée aux femmes, pour les remettre sur le chemin de l’employabilité, voir celui de l’entreprise.
Au niveau de l’énergie, l’ambassadeur a fait savoir que L’AFD finance ainsi auprès de la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG) la mise en place d’un projet pilote de déploiement de 400 000 compteurs intelligents à Sfax.
- L’AFD dispose aussi d’une ligne de crédit via trois banques commerciales pour le financement de projets portés par des PME/PMI tunisiennes dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.
- L’AFD souhaite également participer au financement par la STEG de la centrale éolienne de Tbaga ainsi qu’à celui de la centrale à pompage-turbinage de Oued el Melah.
- La filiale secteur privé de l’AFD (Proparco) devrait accompagner des investisseurs privés retenus dans le cadre de l’appel d’offres placé sous le régime des concessions.
- Notre coopération bilatérale est aussi animée par l’accord de partenariat entre l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) et l’Agence Nationale de la Maîtrise de l’Energie (ANME), renouvelé pour la troisième fois en 2017.