La pollution est une notion qui renvoie souvent à des images dérangeantes et repoussantes. On imagine des colonnes de fumée industrielle, des amas nauséabonds de déchets et des plaques de plastique flottant à la surface de l’eau.
Elle est le résultat d’une activité humaine effrénée et répond à un besoin impérieux de consommer, mais elle n’est en réalité pas toujours synonyme de saleté. On oublie souvent que la pollution se cache sous le voile de la beauté, dans des secteurs où l’esthétique prime avant tout.
Désastre écologique
C’est le cas du milieu de la mode qui se dresse en deuxième position en termes d’impact négatif sur l’environnement. La mode est une industrie qui génère des gains considérables, raison pour laquelle son empreinte environnementale est généralement mise au second plan.
Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent contre cette industrie à travers le monde, pour dénoncer le désastre écologique qu’elle est en passe d’engendrer.
Extrêmement lucrative, cette industrie ne génère pas moins de 1.3 trillion de dollars et crée un total de de 300 millions d’emplois à travers le monde.
Ces quinze dernières années, le milieu du vêtement et du prêt-à-porter a été marqué par une production qui a approximativement doublé. Une croissance soutenue par une classe moyenne grandissante et un pouvoir d’achat qui s’est fortement amélioré pour ce secteur.
La fast fashion y est également pour beaucoup. Elle offre en effet, par le biais de collections de plus en plus fréquentes et variées, toujours plus de choix au consommateur. Avec les prix avantageux que bon nombre de marques de vêtement proposent, il est de ce fait de plus en plus difficile de résister à la tentation.
L’impact environnemental de l’industrie de la mode
L’impact environnemental de l’industrie du vêtement et plus généralement du textile n’est plus à démontrer. Cette industrie se positionne comme l’un des plus grands pollueurs de la planète.
De la production des matières premières aux procédés de fabrication, elle se caractérise par de fortes émissions polluantes mais est également très coûteuse en ressources notamment en énergie.
La pollution atmosphérique qu’elle génère surpasse celle générée par les émissions de polluants du trafic maritime et aérien réunis. Les émissions de gaz à effet de serre sont en effet estimées à 1.2 milliard de tonnes d’équivalent CO2 en 2015.
L’industrie de la mode exerce également une forte pression sur les ressources notamment en eau. Selon les estimations, celle-ci consomme annuellement pas moins de 93 milliards de mètres cubes d’eau (production de coton incluse).
La pression massive et croissante sur les ressources s’accentue davantage par une surconsommation de vêtements, qui ne sont souvent utilisés que pour une courte période, et très peu sont recyclés.
Selon les estimations, plus de 500 milliards de dollars sont perdus chaque année en raison de la sous-utilisation des vêtements et du manque de recyclage.
Par ailleurs, les procédés de production recourent à l’utilisation de substances dangereuses qui nuisent non seulement à la santé des travailleurs du textile, mais aussi à l’environnement.
Lorsqu’ils sont lavés, certains vêtements libèrent des microfibres de plastique dont environ 500 000 tonnes chaque année contribuent à la pollution des océans. Cette quantité correspond à 16 fois celle des microbilles de plastique provenant des produits cosmétiques.
L’industrie du luxe va plus loin en termes de gaspillage en brûlant les invendus (avec un montant des marchandises brûlées estimé à 40 millions de dollars pour une seule marque) plutôt que de les vendre à bas prix. Ce gâchis est souvent justifié par un souci constant de garder intacte une image d’exclusivité et de grande valeur.
Industrie de la mode : exploitation de la main-d’œuvre
La mode est également un secteur où l’exploitation de la main-d’œuvre est chose courante. Une étude récente intitulée « Fabriqué en Ethiopie : les défis de la nouvelle frontière de l’industrie du vêtement » montre jusqu’où vont les industriels pour faire plus de gains. L’Ethiopie propose les plus bas au monde pour se démarquer des autres pays concurrents, estimé à 26 dollars par mois seulement.
Le Bangladesh propose des salaires tout aussi indécents, estimés à moins de 100 dollars par mois. Au Kenya, les salaires avoisinent les 200 dollars, tandis qu’en Chine ils sont d’environ 300 dollars.
La solution serait certainement de repenser nos modes d’achat. Seulement comment peut-on renvoyer au consommateur des messages rationnels l’appelant à revoir sa manière de consommer, alors que ce milieu appelle à la légèreté et à suivre ses envies ?