Réalisé par le producteur-réalisateur tunisien Akram Adouani, le documentaire « Tahar Haddad » voit le jour début juin, après 18 mois de travail.
Ce réformateur et penseur tunisien n’a pas bénéficié de l’intérêt qu’il mérite 84 ans après sa disparition. D’ailleurs, c’est l’une des raisons qui ont poussé Akram Adouani à réaliser ce documentaire fiction sur le parcours et l’œuvre de Tahar Haddad.
Dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, Akram Adouani souligne la nécessité de dépoussiérer l’œuvre de Tahar Haddad. A cet égard, il rappelle que l’œuvre du réformateur a été négligée et ignorée après sa mort. Pendant les années 50,60 et 70, l’œuvre de Tahar Haddad ne faisait pas partie des programmes officiels de l’enseignement. Tahar Haddad a subi des injustices même après sa mort. Ainsi, son ami syndicaliste Ahmed Eddari s’est trouvé dans l’obligation d’écrire deux livres pour le défendre. Il s’agit de Défense de Hadad ou réfutation des livres de refoulés et la vie de Tahar Haddad.
Rendre hommage à un réformateur de la première heure
Par ailleurs, les jeunes d’aujourd’hui ne connaissent pas plusieurs aspects de sa vie. A titre d’exemple, ils ne savent pas qu’il était syndicaliste. En effet, le réformateur tunisien est le co-fondateur du premier syndicat dans le monde arabe, avec le syndicaliste Mohamed Ali El Hammi, en 1924.
Dans son livre, Les Travailleurs tunisiens et la naissance du mouvement syndical, publié en 1927, le réformateur tunisien dissèque la situation de l’économie tunisienne dans années 20. Il explique même les raisons de ses faiblesses par rapport à l’économie de la colonisation. D’ailleurs, dans cette perspective, il propose tout un programme pour l’amélioration des conditions des travailleurs tunisiens. Ce livre analyse la situation économique de la société tunisienne dans les années 20. L’écrivain y explique pourquoi les les Tunisiens ne parviennent pas à se regrouper dans des entreprises. En effet, Tahar Haddad a expliqué et commenté le système capitaliste dans le même livre.
Cependant, les idées émancipatrices du réformateur tunisien sont restées lettre morte, en 2019. L’égalité en héritage proposée dans son livre Notre femme dans la législation islamique et la société publié en 1930 a subi le même sort. « Pour toutes ses raisons, il fallait rendre hommage à ce penseur tunisien dont les revendications demeurent encore d’actualité » conclut Akram Adouani.