Âgée de 27 ans, Warda ATIG est élue secrétaire générale de l’Union générale des étudiants de Tunisie (UGET). L’événement est d’une importance capitale dans l’histoire de l’organisation. Et comment ? L’élection de cette étudiante sonne la fin de l’hégémonie masculine qui a dominé l’organisation estudiantine depuis sa création en 1953. Retour sur le parcours de Warda ATIG et la symbolique de son élection.
Issue de la ville de Jebeniana (Gouvernorat de Sfax), l’un des fiefs de la gauche tunisienne depuis des décennies, Warda ATIG a entamé son parcours de militante depuis le lycée en 2008. 2008 marque sa participation à la révolte du bassin minier. En 2009, elle défile dans les manifestations hostiles à la guerre contre Gaza. Ainsi, le militantisme a bercé l’enfance de la future secrétaire générale de l’UGET. Le Baccalauréat en poche, Warda est désormais étudiante en philosophie à l’Institut préparatoire aux études littéraires et de sciences humaines de Tunis.
Du militantisme de l’élève au militantisme de l’étudiante
A peine l’année universitaire a-telle commencé que notre interlocutrice se lance dans son premier combat à l’université : celui de la revendication d’un statut particulier pour son institut. Elle lutte contre le sit-in des étudiants salafistes à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de La Manouba en 2012. En 2013, elle représente les étudiants au Conseil scientifique de la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis. En 2013, elle est devenue vice-secrétaire général de l’organisation estudiantine. Le 7 mai 2019, Warda a été élu secrétaire générale de l’UGET.
A peine a-telle pris les commandes de l’organisation estudiantine qu’elle s’est trouvée confrontée à plusieurs dossiers urgents, nous confie-t-elle. La privatisation de l’enseignement universitaire, la réforme éducative, la situation sociale des étudiants et la lutte contre l’intégrisme au sein des universités sont ses dossiers prioritaires. Actuellement, elle poursuit son mastère de philosophie à la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis.
Pour rappel, en 2013, Améni Sassi a pu accéder au poste de secrétaire générale de l’UGET, sans aucune légitimité. Etant donné que son accès au poste s’est fait suite à une division au sein de l’organisation estudiantine. De ce fait, elle n’était pas légitime, contrairement à Warda ATIG.
L’élection de Warda ATIG est une action lourde de sens
L’accès d’une étudiante au poste de secrétaire générale de l’UGET est une victoire. Non seulement pour le féminisme, mais également contre les traditions classiques et rétrogrades voulant que des étudiantes n’accèdent pas à ce poste clé.
Et pourtant l’UGET se définit comme une organisation estudiantine qui prône l’émancipation des femmes et l’égalité entre les sexes. D’ailleurs, l’UGET a pris part à toutes les batailles estudiantine, sociale et nationale de la Tunisie.
Cependant, l’accès d’une femme au clé de l’organisation était un sujet tabou. En effet, sur les 27 personnes qui ont accédé à ce poste clé de 1953 à 2017, aucune femme ne figure dans la liste des secrétaires généraux.
Ainsi, c’est une étape importante dans l’histoire de l’UGET, cette union qui a permis de réaliser des avancées notables. Cette réalisation a brisé la barrière psychologique qui s’opposait à l’élection des femmes comme secrétaire général. Désormais, la porte est ouverte aux militantes de l’organisation pour l’accession à ce poste. Cette réalisation vient confirmer que l’égalité entre l’homme et la femme ne se réduit pas uniquement aux paroles. Elle est aussi une pratique à perpétuer.