Est-ce un épisode supplémentaire qui montre que nos instances sportives et sans doute d’autres ne savent pas défendre nos intérêts ? L’affaire de la CAF est sans doute là pour le prouver.
Secousse. Séisme. Ouragan. Comment qualifier autrement la véritable injustice que la Confédération Africaine de Football (CAF)– qui a décidé, le 5 juin 2019, alors que nous fêtions l’Aïd, de rejouer la seconde finale de la champions League de la Confédération Africaine de Football (CAF)– a infligé à l’Espérance Sportive de Tunis (EST) ?
Quoi qu’il en soit, force est de constater qu’il s’agit là d’un coup dur. Et d’une décision on ne peut plus injustifiée. Sans doute là donc une preuve supplémentaire que la CAF est loin d’être irréprochable : l’organisation traîne des affaires de corruption. La preuve aussi que la Tunisie a perdu là, et encore une fois, une bataille de lobbying et d’efficacité communicationnelle.
Il faut le dire et le redire, par ailleurs, la CAF ne copie là qu’une attitude maintes fois remarquée– il faut en convenir- et qui consiste dans le fait que la Tunisie n’est pas assez défendue ou qu’elle est défendue gauchement. Comme elle n’a plus la considération dont elle jouissait avant. Même s’il faudra là aussi tempérer ce discours.
Souvenez-vous cependant des batailles perdues depuis quelques années au niveau de l’ASBU (Union des radiodiffuseurs des Etats Arabes), de l’ALECSO (Organisation Arabe de l’Education, de la Culture et de la Science), de la Banque Africaine de Développement (BAD) et de bien autres instances. N’ayons pas la mémoire courte.
Un déficit communicationnel et opérationnel
Des révélations seront faites au cours des jours ou des heures qui viennent. Elles montreront selon toute évidence que nos instances sportives et sans doute d’autres n’ont pas su gérer efficacement une crise et les intérêts d’un des plus illustres clubs nationaux.
Venons maintenant à l’essentiel : l’affaire de la CAF– puisqu’il s’agit d’une affaire- a montré un déficit communicationnel, mais également opérationnel flagrants. Qu’avons-nous fait pour réagir alors que bien des personnes savaient, à la lecture d’articles qui ont précédé la décision de la CAF, comment les choses allaient évoluer ?
Les instances du support et les lobbys tunisiens du pays ont-ils agi et réagi ? Peut-être ? Mais, le fait de ne pas en avoir parlé et mis en évidence les efforts entrepris constitue un déficit en lui-même : gouverner c’est faire croire. Le fait de rendre compte des moindres faits et geste pour défendre l’intérêt du club tunisien était nécessaire pour agir sur les événements. Il s’agit là du reste d’une exigence communicationnelle.
« Celui qui sait faire le renard, ses affaires vont mieux », disait Machiavel déjà au XVIème. Nous l’apprenons, dans le cas de la CAF, à nos dépends. Aujourd’hui et à l’heure du tout communicationnel, de Facebook, de Twitter, d’Instagram et de bien autres outils communicationnels, c’est une vérité qui mérite pour ainsi dire le détour.
Le monde nous épie
Beaucoup oublient, par ailleurs, que le monde nous observe. Le monde est aujourd’hui–faut-il le rappeler ?- un village. On nous observe par de nombreux canaux et on nous analyse à travers de nombreuses matrices. Et ce qu’on observe et analyse sert à guider les comportements à notre égard. Peut-on dire que nous récoltons ce que nous avons semé ?
Que penser, à ce propos, du peu de cas que beaucoup d’entre nous font de la chose publique, des guerres intestines que se livrent nos représentants politiques, des chamailleries à n’en plus finir de notre football, des atermoiements et de l’amateurisme de nos dirigeants ? Peut-on croire que le monde ne nous épie pas ? Il n’y a que les niais pour le croire et même l’envisager !
Et encore une fois, même si cela fait mal et que l’Espérance Sportive de Tunis, qui est, faut-il le rappeler un club tunisien, a subi une injustice et les errements de la CAF, il ne faut pas oublier que le mal est sans doute aussi en nous. Le club est du reste loin d’être responsable, et de tout point de vue, de tout le mal qu’il a subi.
Le constat est amer et souvent pointer du doigt l’autre est facile. Chacun défend ses intérêts et reprocher à l’autre de le faire est une ineptie. Nous ne sommes pas dans la cité idéale et utopiste de Platon. Ni celle d’Al Faraby.