Pendant le Ramadan, la Tunisie vit une conjoncture de « somnolence ».
Ainsi, en Tunisie et ailleurs, la population veille au rythme des feuilletons essentiellement turcs, qui font valoir la « néo-ottomonisation » du président islamiste Erdogan. Ils s’agrémentent d’histoires à l’eau de rose, de princesses et de filles de sultans.
De plus, confinés aux émissions religieuses, aux chants liturgiques et aux feuilletons, les médias ont arrêté les tables rondes entre les acteurs politiques et les prétendants à leur succession.
Dans ce mois d’abstinence, les Tunisiens vivent leurs bonnes et riches « bouffes », chorbas, bricks et différents plats. En transgressant de ce fait les régimes et les recommandations du discours fondateur du jeûne. Ils occultent les exigences du panier de la ménagère.
Peu importe leurs situations, ils recourent volontiers aux prêts, pour assurer leur surconsommation, puis l’achat de nouveaux habits pour l’Aïd à leur progéniture.
Somnolence des citoyens arabes
Cependant, une exception évidente vient des sommets de la Mecque, qui profitent de la somnolence des citoyens arabes, pour se mobiliser contre l’Iran.
Autre fait grave, la dérive de la « révolution soudanaise« , où l’armée qui fait valoir sa prise du pouvoir, tire sur les manifestants pacifistes (prés de 113 morts).
En Algérie, le chef d’état-major souhaite canaliser les revendications, par l’application de la constitution, assurant ainsi le pouvoir de l’équipe Bouteflika, objet d’un ostracisme.
En Tunisie, la fin du ramadan annonce le retour du politique et la réactivation des tables rondes des médias.
La course à la Présidence est à l’ordre du jour, alors que le régime parlementaire réduit les prérogatives du Président de la République.
Or, la classe politique, remise en question par la population, fait valoir le statu quo : « Des convictions ? Pour quoi faire ? Des idées ? A quoi bon ? Des principes ? Et puis quoi encore ? Une pensée ? Pas utile ? Une vision ? Vous plaisantez. »
En effet, ce diagnostic de la situation française de Michel Onfray, pourrait-il être appliqué à la Tunisie. Fait d’évidence, « la méthode des partis politiques consistent à choisir, sans choisir, tout en choisissant ».
Les prochaines élections sont susceptibles de susciter un sursaut citoyen. L’augmentation du nombre d’électeurs, des milliers de jeunes et de femmes pourraient inverser la tendance, créer de nouveaux rapports de force et faire valoir les revendications et les enjeux des nouveaux électeurs.
Peut-on parler d’un retour du politique, en tant que mobilisation pour des programmes de bien-être, de progrès et de dynamisme social ?