Il faut bien se rendre à l’évidence et elle est amère : depuis la révolution, il y a bien une Tunisie qui perd plus qu’elle ne gagne. Alors, quand une bonne nouvelle tombe, on ne va pas faire la fine bouche.
Et justement, la Tunisie vient d’être élue par l’Assemblée générale des Nations Unies, avec une forte majorité, et pour un mandat d’un an (2020-2021), membre non-permanent du Conseil de sécurité.
Et c’est une bonne nouvelle ; même s’il faut relativiser. Même si c’est la quatrième fois que lui échoit une telle opportunité. Dans la longue histoire qui nous lie à cette vénérable institution qui a vu tellement de combats et qui a vécu tellement de crises depuis sa création, au sortir de la seconde guerre mondiale, la plus sanglante de l’histoire.
On peut toujours se poser la sempiternelle question : quelle influence, dans un contexte mondialisé où c’est la loi du plus fort qui a toujours prévalu ?
Un siège et une voix pour que le monde aille mieux ; pas évident. Et ce ne sont pas les conflits, les crises et les injustices qui manquent. A commencer par la cause palestinienne, la question d’Al-Qods, le Golan occupé, la guerre en Syrie, au Yémen et un peu moins en Irak. Mais aussi la guerre en Libye, la question du Sahara occidental qui empêche le Maghreb d’avancer. Et tellement d’autres foyers de tension qui menacent la paix et la sécurité dans le monde, sans compter le terrorisme qui fait des ravages.
Une élection qui intervient en concomitance avec la récente nomination de notre ambassadeur-représentant permanent auprès de l’ONU, Khaled Khiari en tant que Secrétaire général adjoint de l’organisation pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique. Une promotion qui fait honneur et une lourde responsabilité qu’il faudra prendre comme elle est, et pour ce qu’elle est.
Et puis, cela fait très longtemps qu’on n’a pas vu un Tunisien accéder à une telle responsabilité… On a tellement vu la diplomatie tunisienne mordre la poussière par imprévoyance, par manque de préparation, ou tout simplement par mauvais choix stratégiques, qu’ils soient économiques, commerciaux, voire culturels ou même sportifs qui se sont terminés par de cinglants échecs.
Une Tunisie qui perd comme on vient de le voir avec cette gestion calamiteuse du résultat contesté de la finale retour à Radès, de la Champions League africaine qui a opposé l’Espérance sportive de Tunis au Widad de Casablanca et qui restera dans des annales de l’histoire tumultueuse de la CAF. Un épisode malheureux lourd de conséquences pour l’avenir du football continental miné par une corruption endémique.
Le long règne houleux du dernier président de cette importante instance sportive africaine basée au Caire, le camerounais Issa Hayatou, n’en étant qu’une parfaite illustration.
Son successeur le malgache Ahmed Ahmed a voulu qu’encore une fois la politique s’en mêle, résultat : c’est parti dans tous les sens pour le grand malheur de nos relations avec nos amis marocains, pourtant au beau fixe. Et ce n’est pas encore terminé.
Si la décision de la CAF est confirmée, on ne devra s’en prendre qu’à nous-mêmes. Plus d’une fois, j’ai déploré ici-même le manque d’agressivité de notre diplomatie à chaque fois où nous avons été victimes de décisions sportives ou autres jugées arbitraires. A chaque fois où on a postulé pour un poste multilatéral de prestige que ce soit au niveau régional ou international. A chaque fois où il s’est agit de défendre nos intérêt économiques et commerciaux. Les négociations en cours avec l’Union européenne sur l’ALECA n’en étant qu’un épisode parmi beaucoup d’autres.
Que suite à cette élection au Conseil de sécurité, le président de la République s’en est allé en louanges à l’endroit des diplomates tunisiens. Cela ne peut qu’avoir un effet stimulant sur ces derniers.
Encore faut-il qu’il n’oublie pas l’essentiel, à savoir les conditions dans lesquels ils exercent, et il qu’il faut nettement améliorer. L’efficacité a un prix.
Le ministre des Affaires étrangères Khémaies Jhinaoui le sait, et s’y atèle depuis qu’il est en poste, sauf que l’intendance ne suit pas vraiment. Forcément, les lignes si elles bougent, bougent lentement. La volonté est bien là, mais il faut plus.