Quelle autre personne mieux qu’Abderrahim Souleymane, Directeur général de l’ASBU (Union des organismes de radio et de télévision), pour nous parler des droits de retransmission des compétitions sportives ?
L’ASBU ayant pris le pli depuis belle lurette de négocier ces droits avec les organisateurs de ces compétitions. Un éclairage édifiant à quelques jours de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN).
La présente interview exclusive a été également l’occasion de traiter d’autres sujets. Comme l’organisation, également dans quelques jours, du Festival arabe de radio et de télévision (27 au 30 juin 2019) à la Cité de la Culture de Tunis.
L’ASBU célèbre en cette année 2019 le 50ème anniversaire de sa création. Comment évaluez-vous donc cinquante années après l’évolution de l’institution que vous dirigez et pouvez-vous nous présenter, ne serait-ce que sommairement, les principales manifestations organisées à cette occasion ?
Effectivement, l’ASBU célèbre cette année le 50ème anniversaire de sa création à Khartoum (Soudan), le 9 février 1969. La célébration de cet événement devait avoir lieu dans la capitale soudanaise. L’ASBU a cependant décidé d’ajourner cette célébration au Soudan pour la fin de l’année en cours compte tenu des événements que traverse ce pays.
La célébration du 50ème anniversaire de la création de l’ASBU se poursuit tout au long de cette année charnière. Nous avons pour ce faire décidé de produire un documentaire et d’éditer un livre et un numéro spécial de la revue que nous publions.
Le Festival arabe de la radio et de la télévision, qui se tient du 27 au 30 juin 2019 à la Cité de la Culture, à Tunis, marque le démarrage de ces festivités. Il devra être organisé sous le signe de notre cinquantième anniversaire.
La journée du 27 juin 2019 devra connaître, et avant le démarrage effectif du Festival arabe de la radio et de la télévision, une cérémonie pour rendre un vibrant hommage aux personnalités du monde arabe de la radio et de la télévision. L’ASBU compte rendre un hommage à quelque quatre-vingt personnalités. Nous avons tout fait afin de n’oublier personne.
Améliorer l’assise financière de l’ASBU
La commémoration du 50ème anniversaire de l’ASBU devra connaître des manifestations de première importance. Ainsi, des séminaires seront organisés autour de toute l’évolution connue par l’ASBU. D’autres séminaires seront organisés dans des pays arabes sur différentes thématiques. Dont celle des nouvelles technologies de l’information.
L’ASBU a du reste créé une commission spécialisée dans les nouvelles technologies de l’information eu égard à l’importance des médias sociaux spécialement dans le monde de la radio et de la télévision.
Il est dans notre programme également d’organiser des rencontres sur les technologies de l’audiovisuel et une rencontre sur le sport et l’information.
L’ASBU vit depuis quelques années à l’heure d’une mutation certaine. L’ASBU a ainsi fondé une académie et un hôtel propre à elle. Il en est de même de votre décision d’organiser chaque année le Festival arabe de la radio et de la télévision. Quelle est votre appréciation à ce propos ?
L’ASBU ne se limite pas à offrir des services comme assurer les échanges en matière de productions audiovisuelles, couvrir des événements sportifs ou encore fournir une aide technique dans le domaine technologique notamment. Il réalise également des projets qui peuvent améliorer son assise financière.
Parmi les projets réalisés par l’ASBU, je peux citer celui du système « Menos », un réseau d’échange multimédia par satellite, ainsi que le bouquet des chaînes arabes qui constituent de grands projets. Notre institution a estimé utile de réaliser un hôtel pour l’ASBU. Il s’agit d’un hôtel de la catégorie 5 étoiles.
L’ASBU organise, à ce propos, nombre d’activités qui se tiennent pour l’essentiel à Tunis, sans compter environ 100 activités par année. L’hôtel assurera deux avantages : il va offrir des prix abordables aux participants et des revenus pour l’ASBU afin d’améliorer son assise financière. L’édification de l’hôtel de l’ASBU a commencé en février 2019. Il devra être fin prêt dans deux ans. Il devra créer 180 emplois.
Comme vous le savez, l’ASBU accorde un intérêt particulier pour la formation et le recyclage des professionnels de l’audiovisuel dans le monde arabe, et ce, dans le cadre de ses efforts en vue d’aider les institutions de radio et de télévision arabes à améliorer leur production.
Ainsi, avons-nous lancé, il y a deux ans, une académie de haut niveau spécialisée dans la formation dans les métiers de l’information ouverte à tous les professionnels des organismes arabes de radio et de télévision de toutes les spécialités.
L’ASBU est une institution professionnelle
Concernant le Festival arabe de radio et de télévision et qui se tient du 27 au 30 juin 2019, il est à indiquer qu’il est organisé pour la deuxième année consécutive à la Cité de la Culture. Nous avons convenu d’organiser trois éditions dans cette cité.
Nous avons commencé à recevoir les productions qui devront concourir dans ce festival. Les prix décernés dans ce festival sont importants pour les membres et les non membres qui concourent dans les compétitions.
L’exposition organisée à l’occasion de ce festival devra voir la participation de nombreux opérateurs et entreprises spécialisées dans les équipements de radio et de télévision, de téléphonie et d’internet. Ils devront présenter des services de haut niveau. Pas moins de 110 exposants ont participé à la précédente édition.
Les spectacles d’ouverture et de clôture du Festival devront être bien différents cette année. Ils devront voir la participation au niveau de leur production de la RAI (la télévision publique italienne) ainsi que de la Télévision Tunisienne (la télévision publique tunisienne).
Certains pays arabes vivent depuis quelques années à l’heure d’une crise. Celle-ci a-t-elle eu un impact sur les activités de l’ASBU ?
Tout le monde connaît l’importance des événements que vit la région arabe ainsi que leur danger et leur impact. L’ASBU est cependant une structure professionnelle et non politique. La raison pour laquelle elle a réussi. Sa mission consiste précisément à offrir des services aux pays arabes. Ce qui stimule notre action.
Il me plaît de relever l’importance qu’accordent les membres de l’ASBU à leur institution. L’ASBU organise un peu plus de 50 activités par an dont près de 80% en Tunisie. La participation à ces activités est on ne peut plus honorable. L’ASBU organise aussi 40 sessions de formations.
L’ASBU est parvenue à assurer son indépendance financière, et ce, grâce à son autofinancement. Les organismes de radio et de télévision payent les services que nous leur offrons s’ils sont satisfaits de la qualité produite.
Une grande campagne en vue d’arrêter le cryptage des rencontres sportives
Les services offerts par l’ASBU concernent essentiellement les news de radio et de télévision. Peu de personnes savent que l’essentiel des journaux de radio et télévision a pour source l’ASBU. Nous offrons, à ce propos, onze échanges news d’informations par jour dont trois arabes. L’ASBU a conclu, à cet effet, des accords d’échanges de news entre l’ASBU et des unions sœurs d’Europe, d’Afrique et d’Asie pendant quatre heures et demie.
La question des droits de retransmission des événements sportifs constitue un sujet de grand intérêt pour les organismes de radio et de télévision arabes. Comment évaluez-vous la situation actuelle dans ce domaine ? Quelles sont les dispositions que prend l’ASBU pour défendre les intérêts des organismes de radio et de télévision ?
L’ASBU a effectivement quelques problèmes concernant les droits sportifs. Notre institution possédait les droits sportifs des plus importantes compétitions sportives régionales et mondiales pour de longues années depuis les années soixante-dix.
Les coûts de la couverture de ces compétitions étaient financés par les organismes de radio et de télévision selon les moyens de chacun d’entre eux dans une approche solidaire et facilitatrice. L’ASBU assurait la couverture des compétitions par une procédure unifiée.
Les choses ont changé depuis en raison de l’action des chaînes cryptées qui dépensent des sommes inimaginables pour acquérir les droits sportifs. Alors que les compétitions sportives doivent être protégées dans notre région. Il n’existe pas malheureusement de législation concernant ce dossier.
La réalité veut que nous ne sommes plus aujourd’hui maîtres dans le domaine de l’acquisition des droits sportifs. La concurrence est de nos jours tellement féroce, immorale et non transparente que nous souffrons le martyre.
Nous essayons depuis 2012 d’agir en vue d’orienter les décisions et de légiférer pour défendre les intérêts des membres de l’ASBU. Nous n’y sommes pas parvenus. Cependant, nous avons tout de même réussi à mettre la pression sur la FIFA (Fédération internationale de football) concernant la dernière édition de la Coupe du monde de football.
Nous entreprenons une grande campagne en vue d’arrêter le cryptage des rencontres sportives et nous pensons pouvoir y parvenir, car il n’est pas normal que le téléspectateur et l’auditeur soient privés de suivre les compétitions auxquelles leurs clubs sportifs participent.
Notre seul souci est donc de permettre au téléspectateur et à l’auditeur arabe de suivre toutes les rencontres auxquelles participent son équipe nationale et l’un des clubs sportifs de son pays, sans coût excessif et sans cryptage.
Comment évaluez-vous la coopération de l’ASBU avec les unions sœurs ?
L’ASBU entretient des rapports étroits avec les unions mondiales et régionales de radio et de télévision d’Afrique, d’Europe et d’Asie et avec certaines autres institutions de notre domaine d’activité. Cette coopération concerne divers activités professionnelles en vue de faciliter notre travail en commun et nos échanges.
Cette coopération se focalise essentiellement sur les échanges de news, de programmes ainsi que sur la couverture des événements en vue de faire parvenir une image qui soit conçue et produite par nous autres arabes.
La coopération concerne également la formation, l’échange d’expériences, de formateurs et la participation aux grands festivals organisés par les unions sœurs.