Il vient de quitter, à la surprise générale, la direction de l’ATB qu’il sut porter au firmament des banques de la place. L’air terriblement juvénile en dépit du poids des années, on ne l’imagine pas ailleurs que sur le pont par tout temps, à la manoeuvre. L’esprit vif, le regard pétillant d’intelligence, il respire la banque dont il maîtrise tous les rouages. La banque de demain, il en parlait déjà bien avant la révolution digitale.
De la Banque centrale de Tunisie, aux plus illustres de nos banques commerciales, en passant par la plus prestigieuse en son temps des banques de développement, qu’était la BDET, Férid Ben Tanfous aura été, dès ses premières prises de fonction, des grandes avancées de notre système bancaire. Déjà au sein de l’Institut d’émission, il se distinguait par son anticonformisme et son audace.
Par sa formation autant que par son état d’esprit, il s’inscrivait dans le mouvement de renouveau de la politique monétaire nationale. Il était, et il ne s’est jamais départi de cette attitude, vent debout contre la pensée unique, contre l’idée même d’un principe de précaution érigé en système de gouvernance au point de figer pendant de longues années notre système de change.
Il porte en lui l’ADN de l’île de ses origines, Djerba, qui a donné au pays ses plus grands explorateurs d’avenir, les plus entreprenants et les plus discrets de nos chefs d’entreprise et les plus studieux de nos artisans-commerçants.
Férid Ben Tanfous, pur produit du système bancaire, descend de cette lignée d’individus qui ont le travail pour seule valeur et unique horizon. Il sait fabriquer l’argent, entendez le profit ; il excelle surtout dans l’art d’en optimiser l’usage et le faire fructifier. Ni trop, ni pas assez, il évolue à la frontière du risque, jamais en mal d’assurance.
Il fit ses premières classes dans le temple qui occupe la pyramide du système bancaire. A la BCT, il était au coeur du réacteur de la politique monétaire. De là il pouvait tout observer, juger, jauger et tout réguler. Il était formé à bonne école.
Avec une succession de maîtres qui sont l’honneur et la fierté de ce pays. Il y avait gravi tous les échelons de direction avant de se voir propulser à la tête d’une banque publique de la place. Voie royale pour un cadre méritant qui doit affronter d’autres challenges et se mesurer à d’autres succès. L’initiative était de l’ancien gouverneur de la Banque centrale de l’époque, Béji Hamda, un monument à la stature internationale. Il avait besoin de renouveau et de relais pour mener à bien ce qui serait l’une des plus grandes réformes de notre système bancaire, à commencer par les banques publiques.
Férid Ben Tanfous en était l’élève et le disciple, il doit beaucoup à cet esprit libre et indépendant, aux convictions accrochées au corps, qui a su préserver l’indépendance de la Banque centrale au plus fort de la concentration du pouvoir entre les mains de l’exécutif. FBT- qu’il ne faut surtout pas confondre avec la TFB et encore moins avec la BFT, aujourd’hui dans l’oeil du cyclone -avait le profil indiqué et les attributs qu’il faut pour assurer la relève de dirigeants rattrapés par la retraite ou promus à d’autres fonctions.
L’ancien banquier central n’eut aucune peine à retrouver ses marques et faire valoir – sans forcer le trait, le ton et le talent – son style auprès des banquiers de la place. Il avait dans ses bagages plus que la maîtrise des subtilités des théories monétaires ; il avait aussi l’instinct du marché et l’art du management qu’il portait dans ses gènes. Il s’en est servi, au point de heurter les habitudes et les sensibilités des banques publiques qu’il dirigea avant de migrer définitivement dans le secteur privé pour prendre en main les destinées de l’Arab Bank, il y a de cela 18 ans.
Militant fervent depuis toujours de la débureaucratisation, il était dans l’ordre des choses qu’il élevât la relation-client au plus haut niveau de sa démarche. Pour élargir ses parts de marché sans jamais perdre de vue l’impératif de rentabilité. Il fit de cette alchimie son credo pour ne pas tomber dans les travers des crédits peu performants, distribués à tout-va. L’argent doit aller là où il rapporte le plus dans le respect de l’éthique professionnelle.
Férid Ben Tanfous quitte aujourd’hui l’ATB à laquelle il s’est fortement identifié et à qui il a tout donné grâce à son implication, son dévouement, sa probité morale et son intelligence des faits et des hommes. Il voulait le faire bien plus tôt, dès juillet de l’année dernière, avant même que son nom ne soit cité avec insistance à la tête de la
Banque centrale sans qu’il en ait eu l’envie. Il revient à la chargeau mois d’avril dernier, non sans lien avec les tractations au sujet de la reprise de l’UBCI par le groupe Arab Bank PLC (Jordanie). La troisième tentative, fin mai, fut la bonne. Il ne pouvait ni ne voulait céder ni revenir sur sa décision de prendre du recul et, comme à son habitude, de la hauteur.
Dix-huit ans à la tête d’une même banque au palmarès sécurisé, c’est long. L’homme n’est pas dans le besoin après qu’il eut largement assuré ses arrières. On comprend qu’il puisse éprouver le besoin à 66 ans de décompresser et de réapprendre à vivre hors du travail. A moins qu’il ne s’agisse que d’un simple répit. Qui sait ?
Il part sans regret, l’air des plus sereins. Il n’a pas de soucis à se faire quant à l’avenir de la banque. Car il ne pouvait rêver d’un meilleur scénario de succession. C’est Ahmed Rjiba, un ancien de la maison, qui prend le relais. Destins croisés à plus d’un titre, le nouveau patron a fait le chemin inverse. Il avait, au lendemain de la révolution, renoncé au charme, il est vrai peu discret, et à la zone de confort du secteur privé pour diriger une banque publique, la BH, en pleine tourmente révolutionnaire.
Il retrouve aujourd’hui son ancienne banque auréolé de son succès à la BH, au plus fort de la tempête sociale et de la crise économique. Il lui avait, par gros temps, redonné des couleurs qu’elle avait perdues. Et redonné goût et envie à un personnel désenchanté et désorienté qu’il a su mobiliser. Et à qui il a su redonner espoir.
Ca sent l’article de complaisance à des kilometres ! limite c’est un poeme pour sa petite amie, qui la couvre d’éloges devant ses parents pour qu’ils l’acceptent ! Bref, Article mensonger ! tout simplement du reputation washing ! Déçu de Hédi Mechri, ca prouve que l’economiste maghrebin n’est pas une revue sérieuse et mais je comprend quand je vois que l’ATB est un des plus importants annonceurs du site et de la revue !